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Prémonition

Aujourd’hui, le 15 mai, dernier jour de la semaine. Je commence d’abord par éteindre cet horrible réveil, qui me donnerait vite une migraine. Ensuite, après quelques minutes, je me lève, ayant crainte de replonger dans un lourd sommeil. Je me prépare en une longue heure, puis prends le départ en direction du bureau.

J’arrive la première comme à mon habitude. Je commence à me remettre dans mes dossiers jusqu’à l’arrivée des premiers clients. Ah oui, j’ai oublié de vous indiquer que je suis conseillère clientèle dans une banque. Huit heures trente, le premier client arrive. Un jeune homme d’une trentaine d’années. Il m’en déprime de connaître sa vie : marié, deux jeunes enfants. Et moi quarante-trois ans, divorcée et célibataire. Enfin, je passe outre ces détails qui me perturbent facilement l’esprit, et me concentre sur sa situation financière et ses projets. Ainsi, dans la matinée je m’enchaîne de nombreux clients, plus ou moins fortunés.

Arrive l’heure du déjeuner. Comme la routine est installée, je mange avec l’une de mes collègues qui est en même temps l’une de mes plus proches amies. Nous allons donc à la cafétéria du centre commercial le plus proche. Nous nous installons au bout de la file. Et comme depuis quelques temps, Mélanie, repart sur le sujet qui envahissait ses pensées : son futur mariage. C’est pas que je ne suis pas ravie pour elle, bien au contraire, mais cela me désespère, même ma plus proche amie se marie, aura des enfants. Bref, après tout ce midi à reparler des préparatifs, nous rentrons au bureau.

Je commence à m’occuper de mes premiers clients de l’après-midi. L’après-midi me parait longue, et je ne pense qu’à l’envie de ce week-end. Enfin un week-end où je vais être occupée à autre chose que rester devant ma télévision, c’est le mariage de Mélanie. La fin de la semaine est enfin arrivée ! Je sors, et prends le chemin de la maison.

Arrivée à la maison, je ressors pour effectuer la promenade de mon chien. Une fois rentrée, je vais me poser devant la télévision comme à mon habitude. Car oui, comme vous avez dû le remarquer, j’ai une vie monotone : je travaille cinq jours sur sept, je passe mes soirées devant la télévision et mes week-ends sont peu souvent mouvementés par des sorties. Je commence par quelques épisodes de ma série préférée « Friends ». Puis je vais me préparer une petite salade, repas équilibré pour commencer ce week-end. Après avoir appelé ma mère, je me remets devant la télévision, mais à vingt-deux heures le sommeil me vient. Je vais donc me coucher.

Le réveil sonne, il est sept heures trente. Je me lève avec vitesse, hâte de commencer cette longue et sûrement, je l’espère, agréable journée. Je me prépare, sors Ady (mon chien), et puis pars en direction de la maison de Mélanie. Elle habite dans un petit pavillon en province. Elle a tout pour être heureuse, je l’envie mais ne lui parle pas de cela. Elle se sentirait mal à l’aise, et je ne veux pas perdre notre relation. Après une dizaine de kilomètres, j’arrive devant sa maison. Je me gare, et vais sonner. Son mari, Loïc, ouvre la porte, me fait la bise. Mélanie descend de suite. Et nous partîmes chercher sa robe.

Sur la route, elle était comme moi avant mon premier mariage, et oui moi aussi, j’ai eu mon moment de bonheur, mais je n’ai pas su le garder. Elle me posait de nombreuses questions « Est-ce que c’est une bonne chose ? », « Est-ce que je ne fais pas une erreur ? » J’ai tout de suite trouvé la réponse qui l'a fait taire et surtout l'a rassurée : « Veux-tu finir vieille fille comme moi ? Tu as trouvé l’homme qui te convient, ne gâche donc pas ta chance ! » Enfin, après ces quelques mots, elle redevenait heureuse. Je me sentis donc pour une fois d’une grande utilité. Mélanie était la personne la plus chère à mes yeux, je la connaissais depuis sa naissance, elle a vingt ans de moins que moi. Pour moi, c’est comme la petite sœur que je n’ai jamais eue.

Après avoir été à tous nos rendez-vous de dernière minute, on rentra chez elle. Puis elle finit de se préparer. On partit pour se rendre à la cérémonie. Après une cérémonie qui me rappelait celle des films, et même du mien, la soirée se déroula d’une agréable façon, Mélanie eut tout le temps un visage heureux, telle une fille remplie de bonheur. La soirée se termina dans la nuit. Je rentrai chez moi pour essayer de dormir au moins quelques heures.

Je me réveillai avec une forte migraine, sans doute la fatigue mélangée avec l’alcool. Mais je tiens à vous dire que j’ai été raisonnable, surtout pour ce jour important. Je me préparai tranquillement, pris quelques médicaments, prête à dire au revoir à Mélanie pour une semaine : elle effectuait un petit voyage pour fêter son mariage avec Loïc bien évidemment. Je me rendis donc à l’aéroport.

Ils étaient déjà arrivés, je leur parlai pendant quelques minutes puis ils prirent l’avion. J’embrassai Mélanie, puis Loïc. Je leur souhaitai un bon voyage. Sur ce, je repartis en direction de chez ma mère. Après avoir mangé, et bien sûr l’avoir entendue me raconter tous les derniers potins de son quartier, je repris la route vers chez moi. Ah ! enfin ma maison, je vais pouvoir me reposer.

Je sortis d’abord faire un petit footing, et oui la seule réelle activité de mes longs week-ends. Puis en rentrant je pris ma douche, et m’étalai sur le canapé. Epuisée de cette soirée. Je restai quelques heures ici, puis le sommeil tombant je partis me coucher.

Je fis un bond, ce n’est que mon réveil. La nuit a été courte mais bien nécessaire. Je recommençai ma routine, mais lorsque j’allumai la radio dans la salle de bain, j’eus un choc « l’avion pour le vol de Paris en direction de Héraklion s’est écrasé suite à un problème technique ». Mais c’était le vol de Mélanie ! Comment était-ce possible ? Y avait-il des survivants ? Je restai debout, comme anéantie, mais oui ! J'étais anéantie, terrifiée, effrayée de ne plus la revoir. J’essayais de me rassurer, j'avais fait une erreur, il y avait des survivants. Je continuai de me préparer.

Arrivée au travail, mes collègues essayèrent de me rassurer, cette journée me parut encore plus longue que d’ordinaire. Je consultai mes clients mais toujours préoccupée par cette nouvelle. dix-sept heures trente, la fin de la journée enfin arrivée. Je pris la route de l’aéroport, pour avoir quelques nouvelles, qui je l’espèrais, seraient positives.

Je me présentai à l’accueil de l’aéroport, je demandai des nouvelles du vol de Mélanie, mais lorsque ces mots retentirent, je fus anéantie : « Pour le moment, nous n’avons aucun rescapé, les gens sur place recherchent encore mais il n’y a plus de grande chance de retrouver des survivants ». Je repris la route vers mon appartement. Je sortis Ady, mais toutes mes pensées étaient là « ne plus revoir Mélanie, l’avoir perdue à tout jamais ». Je restai toute la nuit devant la télé, je ne fermai pas une minute les yeux.

Le réveil sonne, au bout d’une bonne demie-heure, je m’en vais l’éteindre. Terrifiée, je ne me prépare pas, et n’ai aucunement l’envie d’aller au travail. Et voilà, je retombe dans une dépression. Le téléphone sonne, je ne décroche pas. Le répondeur se met en route « C’est ta maman, Béatrice réponds, j’ai appris la nouvelle, comment vas-tu ? Rappelle-moi au plus vite ». Ady vient me voir, je regarde la pendule, il est treize heure. Il me demande de sortir, mais je n’ai pas l’envie ni même le courage. Je me motive pour le sortir cinq minutes. A mon retour, je me repose devant la télévision. Ce seul lien avec l’extérieur de mon petit appartement. L’appel de mon estomac commence à se faire entendre, il est dix-sept heures vingt-cinq. Je me rends dans la cuisine, prends le reste de gâteau au chocolat que j’avais fait auparavant.

Voila, je suis totalement replongée dans une dépression : malbouffe, télévision, plus de sortie, je ne me rends plus au travail. Cela me rappelle une autre dépression que j’avais faite à la demande de divorce de mon mari. Mais Mélanie m’avait aidée à m’en sortir, et voilà mes idées repartent sur Mélanie ! Le téléphone sonne, je pense tout de suite à ma mère, je vais décrocher pour ne pas trop l’inquiéter. Je continue cette longue journée devant la télévision. Je finis par m’endormir, rongée par le sommeil.

J’entends mon réveil sonner. J’entends le présentateur « Nous sommes bien le dimanche 17 mai, beau temps accompagné de quelques averses ». Je m’arrête : nous sommes le 17 mai, le jour du départ de Mélanie, elle n’est pas ? Il est encore temps de la sauver ? J’enfile un survêtement, et pars en direction de l’aéroport. Je vais à toute allure sur les quatre voies. Avec inconscience je me rallonge la route. Je regarde l’heure, il est neuf heures dix-huit, l’embarquement est à neuf heures trente. Je ne serai jamais rendue à l’heure. Je cherche un tout autre moyen pour qu’elle ne prenne pas l’avion. Je l’appelle :

« Allo ?

- Mélanie, j’ai un grave problème, j’ai besoin de toi tout de suite chez moi.

- Que se passe-t-il ?

- Je n’ai pas le temps de t’expliquer mais s’il te plait, tu prendras le prochain vol.

- Dis-moi, tu n’es pas en danger ?

- Viens tout de suite à l’appartement.

- J’espère que tu as une bonne raison ! J’arrive. »

Je repars en direction de l’appartement. J’espère de toutes mes forces que l’avion va se scratcher sinon elle va m’en vouloir et je la comprendrais. Mais je suis persuadée que je n’ai pas pu faire ce rêve et qu’il soit anodin. Il y a bien une raison : c’est que je dois sauver Mélanie et Loïc. J’arrivai à l’appartement, je restai quelques minutes immobiles dans le sofa. J’entendis la sonnette. Le stress monta un peu. Elle entra, suivie de Loïc. Je leur dis de s’asseoir. Je commençai :

« C’est une longue histoire et on n’aura que la réponse demain.

- Mais c’était si urgent, tu sais que tu nous as fait louper notre avion !

- Oui, mais écoute-moi avant. J’ai fait un rêve horrible. Tu prenais l’avion et il s’est scratché.

- C’est pour ça que tu nous as fait louper notre avion ? Pour un rêve ?

- Mais ça parait peu croyable mais je suis sûre que ce n’est pas pour rien que j’ai fait ce cauchemar.

- Je m’en vais plutôt que d’écouter ce genre de choses. »

Le lendemain matin, le réveil sonne. J’allume ma radio, et j’attends impatiemment les informations : « L’avion pour le vol de Paris en direction de Héraklion s’est écrasé suite à un problème technique ». Je ressens un soulagement.

JS
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