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Ce matin-là

Je m’appelle Béatrice. Béatrice Merkel. Mais mes amis m’appellent Béa. Et mon histoire va sûrement vous étonner. Elle commence le 7 juillet 2007…

Comme tous les jours, je me réveillai, la joue caressée par un rayon de soleil matinal, infime mais intense à la fois. Mon appartement du 13e arrondissement laissait pénétrer le soleil une grande partie de la journée. Je me blottissai dans mes draps, à l’aise comme un papillon dans sa chrysalide. C’est alors que le téléphone se mit à sonner, me tirant de mon demi-sommeil. La nuit avait été relativement courte et la sonnerie bruyante du téléphone n’arrangea en rien mon caractère peu matinal. Je poussai un grognement, baillai une dernière fois, tentai de me redresser et, ultime effort, fis deux pas vers la raison de ma mauvaise humeur.

« Allô », lançai-je d’une voix endormie et cependant teintée d’une certaine agressivité : totalement légitime dans le cas de quelqu’un de mal réveillé.

« ALLES GUTE ZUM GEBURTSTAG* ! »

Ah non ! Tout sauf ça ! J’avais totalement oublié qu’aujourd’hui je gagnai une année de plus avec les rides en prime. Ajouté à cela le cri, que dis-je, le hurlement de ma mère à l’autre bout du fil. H-o-r-r-i-b-l-e. La journée s’annonçait plutôt mal. Mais le pire restait à venir.

« - Merci maman.

- Alors Liebling* ! quarante-sept ans ! - j’eus l’impression qu’elle insista particulièrement sur ces derniers mots

- Comment te sens-tu ? »

Voilà la question que je détestais le plus après « Tu as pris du poids, non ? » Question que j’entendais chaque année depuis maintenant quarante-sept ans et qui est, à mon avis, la plus inutile que la terre ait jamais connue. Je crois que même l’éternel « Ça va ? » quand on est en pleurs avec de hideux cernes en option est plus utile.

« - Bien maman. Un peu fatiguée mais ça va – réponse que je regrettai immédiatement.-

Comment ça fatiguée ? Tu as mal dormi ? Tu te sers des sachets de tisanes que je t’envoie au moins ?

- Oui maman - je regardai le tiroir qui était prêt à craquer tellement il était rempli de sachets de tisane - seulement je n’en ai plus – il faut parfois savoir mentir pour ne pas blesser ceux qu’on aime.

- Tu te rappelles que tu dois venir à la maison cet après midi ? Il y aura ton frère, ton père et moi, naturellement.

- Bien sûr que je m’en souviens ! – au point où j’en étais, un petit mensonge de plus ou de moins ne changerait rien - C’est à quelle heure déjà ?

- Douze heures. Et sois à l’heure ! Tu sais comme ton père aime les gens ponctuels ! »

Je regardai le réveil et je faillis crier. Il était déjà onze heures ! Il fallait compter au moins trente min pour rattacher Paris à Rambouillet. Il me paraît quand même important que je vous dise que mes parents n’ont pas toujours habité près de Paris. Je suis d’origine allemande - vous deviez vous en douter en voyant mon nom - mais j’ai toujours vécu dans la banlieue parisienne. Mes parents, quant à eux, n’ont pas de souvenirs de Cologne - pour ma mère - ni de Munich - pour mon père -, vu que leurs parents sont eux-mêmes arrivés à Paris lorsque leurs enfants étaient des nourrissons (seule ma grand-tante Zelda est retournée vivre en Allemagne, ce qui nous permet de rester en contact avec nos origines). Cela fait maintenant vingt ans qu’ils sont installés à Rambouillet, petite ville coquette, qui les attira pour son charme bucolique.

«- Oui Mutti*. Je serai à l’heure.

- Alors à tout à l’heure Liebling.

- Oui, c’est ça. »

Je raccrochai et me précipitai vers mon armoire. J’y pris des vêtements au hasard et filai dans la salle de bain. Je n’eus pas le loisir d’apprécier la douche et je ne pris pas le temps de me sécher les cheveux – la chaleur de ce matin de juillet suffirait amplement. Il était à présent onze heures vingt. Je décidai de laisser tomber le café et optai pour un cookie que j’avalerais dans ma petite new beattle couleur vert anis. Je saisis mon sac, claquai la porte, dévalai les escaliers, entrai dans la voiture, mis le contact et partis en direction de Rambouillet.

J’arrivai cinq minutes avant l’heure. Cette remarque m’arracha un petit sourire satisfait. Je pris une minute pour tenter tant bien que mal de m’arranger un peu. Je pris une profonde respiration, descendis de la voiture et me dirigeai vers le palier. J’eus à peine le temps de frapper que la porte s’ouvrit.

« - Béa ! – chantonnèrent en cœur mon père et mon frère.

- Papa, Ulrich ! – cette fois avec un enthousiasme réel.

- Alles gute zum Geburtstag ma grande !

- Joyeux anniversaire petite sœur ! »

J’entrai dans la maison de mon enfance empreinte de joie et de nostalgie. Ma mère préparait le repas et me fit signe de la rejoindre dans la cuisine pendant que les deux hommes de la famille finissaient de mettre la table.

« - Coucou Liebling ! Ca faisait si longtemps ! Comme je suis heureuse de te revoir !-

Moi aussi maman.

- Alors, dis-moi, toujours unverheirateter* ? »

La question qui fâche. Tout le monde le sait mais personne n’oublie de la poser.

« - Oui maman. Mais Marc a de nouveau une fiancée. Elle s’appelle Jessica je crois.

- Comment se fait-il que ton ex-mari ne reste pas célibataire plus d’un mois et que toi ça fasse six mois que tu vis seule ? »

Je n’avais pas osé dire à maman que si j’avais quitté Marc, c’était justement à cause de ses batifolages. Nous étions mariés depuis dix ans quand il m’avait avoué qu’il me trompait. Nous avons demandé le divorce en consentement mutuel et sommes restés en contact.

« - Je ne sais pas maman.

Elle a dû s’apercevoir que ce sujet ne me plaisait guère, car elle passa à autre chose.

- Et ton boulot chez Olympias ? »
Olympias était le nom de la banque où je travaillais comme conseillère clientèle. Le directeur général de la banque, Andries Alkinoos, grec d’origine, passionné par l’histoire de sa patrie, et notamment celle d’Alexandre le Grand, avait tenu à ce que son entreprise ait le nom de la mère du célèbre conquérant.

« - J’ai eu une augmentation il y a une semaine.

- Bien ! tu aurais pu m’appeler pour me le dire…

- Désolée.- Bon, ce n’est pas grave. Passons à table. »

Le repas était excellent, ma mère était une cuisinière très douée et je regrettais souvent de ne pas avoir hérité de ce don. On parlait de choses et d’autre. Mon frère, un brillant antiquaire de quarante-neuf ans, était fier d’avoir acquis une pièce très rare, une statue égyptienne de la reine Néfertari en très bon état, datant du Nouvel Empire, et qu’il n’aurait aucun mal à vendre.

Arriva enfin l’heure des cadeaux. Mes parents m’offrirent une magnifique copie des Nymphéas à Giverny de Monet, l’un de mes peintres favoris. Mon frère, quant à lui, m’offrit un sublime collier. Il se composait d’une légère chaîne en or, d’où pendait un superbe rubis taillé à la perfection. « Je l’ai acquis récemment chez un antiquaire de Francfort. C’est une pièce unique en provenance de Chine. Il est même lié à une légende. »

J’étais tellement éblouie par la beauté parfaite de ce collier que je ne relevai pas ce détail.

Le reste de la journée se passa merveilleusement bien et je regrettais presque de devoir rentrer chez moi ce soir-là.

« - C’était super. Merci. Vraiment.

- De rien Béa. Heureux de t’avoir revue.

- Oui. Tu nous manques, à ton père et à moi.

- A moi aussi. » dit mon aîné tout en s’approchant de moi pour me prendre dans ces bras.

Mon frère ne montrait pas spécialement ses sentiment et j’étais heureuse qu’il le fit.

« - A bientôt alors. Ulrich, tu passeras le bonjour à Emy et aux enfants de ma part.

- Je n’y manquerai pas.

- Papa, Maman, à très bientôt. Je vous appelle quand je suis rentrée. »

Après de longues embrassades, je regagnai ma voiture et démarrai. Il était dix-neuf heures quand je partis. Je n’arrivai chez moi qu’à vingt heures, à cause des embouteillages à l’entrée de Paris et vers la place d’Italie, pas loin d’où se situait mon appartement. J’avais tellement mangé le midi que je ne pris rien le soir. Il faut avouer que j’étais également exténuée. J’enfilai donc mon pyjama, contemplai le collier qui pendait à mon cou et me couchai.

Ce matin-là, la sonnerie du réveil résonna dans ma tête aussi fort que lorsqu’on sonne un gong. Bien sûr, vous pourrez me dire que son bruit est énervant à chaque fois et que l’on peine à s’y habituer. Mais en ce lundi matin, elle était spéciale. Comme insoutenable. Je ne savais alors pas pourquoi, mais, malgré le mal de tête que la sonnerie m’infligeait de minute en minute, je restais incapable d’étendre le bras pour appuyer sur le bouton qui mettrait fin à ma souffrance. J’étais dans une sorte de demi-sommeil. Mon cerveau était en marche - quoique assez lent comparé à d’habitude - mais mon corps n’obéissait pas. Mes membres étaient lourds. Cependant, après de longs et bruyants bâillements, je réussis enfin à me redresser et à éteindre cette fichue sonnerie. Erreur fatale. Une fois le bruit insupportable - qui me gardait cependant en éveil - achevé, je retombai malgré moi lourdement sur mon lit et refermai mes paupières. On était lundi. J’aurais donc dû commencer le travail comme tous les jours à neuf heures. Mais je ne me réveillai qu’à midi. Et, là encore, j’eus de la peine à ouvrir les yeux, à me lever, à marcher jusqu’à la cuisine et à ouvrir le placard où se trouvait mon déjeuner. Je me disais qu’une fois le ventre plein, je recouvrerais mon énergie. Avec tout de même l’aide d’une vitamine. Ce qui fut à moitié exact. En effet, j’étais un peu plus éveillée mais pas assez pour aller travailler.

« - Le travail ! Oh mon dieu ! Il faut que j’appelle pour mon absence de ce matin ! Qu’est-ce que je vais dire ? Impossible de se réveiller le lendemain d’une super journée très épuisante chez mes parents ?! Non, évidemment pas… »

Je saisis tout de même le téléphone et composai lentement le numéro de la banque.

« - Olympias bonjour, que puis-je faire pour vous ?

- Christel ? C’est Béa.

- Béa ?! Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu as intérêt à avoir une bonne excuse, le patron est furax !

- Euh, oui. En fait, mon réveil n’a pas sonné.- Mais encore ? Tu crois qu’il va s’en satisfaire ?!

- Ecoute, je ne sais pas ce qui se passe. Je n’ai pas réussi à me lever. Trouve quelque chose, n’importe quoi. S’il te plaît.

- Tu exagères ! Tu viens cet après midi ou pas ? A mon avis et dans ton unique intérêt, il faudrait que tu viennes.

- Je viendrai. Je serai au bureau à quatorze heures.

- Bon, OK. Je vais trouver un motif valable, ne t’en occupe pas. Sois à l’heure.

- Oui. A tout à l’heure. Merci. »

Je raccrochai et me dirigeai vers la salle de bain, en espérant que ça me requinquerait. Après une douche chaude et tellement agréable que je faillis me rendormir, j’essayai de me rendre un peu plus présentable pour les clients. Et pour moi aussi. Je pris ensuite mon sac, descendis les escaliers en cinq minutes - ce qui était exagérément long - me dirigeai vers ma new beattle, et pris la direction de mon travail. Il était alors treize heures quarante. Mon travail était à proximité de la gare de Lyon, à moins de dix minutes de chez moi. Mais en omettant les embouteillages nombreux à cette heure de la journée. J’arrivai quand même à treize heures cinquante-six précisément. Une fois dans mon bureau, et avant de recevoir un client, je m’assis dans mon fauteuil et bâillai pendant un petit moment. Cette petite pause fut interrompue par la venue du patron dans mon bureau.

Bizarrement, il avait l’air plus désolé qu’énervé.

« Toutes mes condoléances Béatrice. Je sais à quel point votre père comptait pour vous. »

Il abordait une mine interrogatrice, guettant ma réaction. Une fois la surprise passée, je feignis le mieux possible une mine triste.

« - Merci monsieur Mornaud - j’étais maintenant au bord des larmes et remerciai mes parents de m’avoir forcée à faire du théâtre, il y avait si longtemps.

- Ecoutez, rentrez chez vous, vous avez l’air exténuée. Ne vous inquiétez pas pour votre travail, vos rendez-vous seront dispatchés dans tout le service.

- Merci monsieur. »

Sur ce, je quittai le bureau, en faisant un clin d’œil complice à Christel pour la remercier de son super alibi.

Je rentrai chez moi et me plongeai tout habillée dans mon lit. Je me réveillai à dix-neuf heures, juste à temps pour dîner - même si je n’avais pas faim. Je pris une salade dans le frigo, m’installai devant la télé et la mangeai sans appétit. A la suite de quoi, je sombrai de nouveau dans le sommeil.



Ce matin-là, je n’eus aucun mal à me réveiller : j’étais en pleine forme. Je ne comprenais toujours pas la grande fatigue de la veille mais n’y accordai pas vraiment d’attention. Je m’étirai puis, d’un bond, me propulsai hors de mon lit. Je m’élançai vers la cuisine, mis à chauffer du café, pris des biscottes et un pot de confiture de figues. J’allumai ensuite la télé mais n’y prêtai aucune attention. Je versai le café chaud dans une tasse, tartinai ma biscotte de confiture et m’assis dans le sofa. Je regardai alors les infos : le journaliste parlait de politique.

« Olala. Ce n’est pas possible de voir ça. A notre époque. Tout de même ! Je suis sûre que moi, j’aurais pu m’en tirer mieux que lui. »

Je ne suivais pas trop la politique, cela m’énervait. De plus, la vie politique française est beaucoup trop compliquée. Nous, en Allemagne, nous avons six partis, ce qui est amplement suffisant ; alors imaginez l’embrouillamini que ça représente lorsqu’il y en a le double !

Tout ça pour dire que je zappai rapidement. Je tombai alors sur une émission de variété.

« Quelle casserole celui-la ! Et ils osent appeler ça un artiste… pff…. Même moi, qui pourtant n’ai jamais pris de cours de chant, je me débrouillerais mieux. Bon, ce n’est pas que ce soit plus que moyen, mais on se lasse vite de ne voir que des personnes incompétentes ! »

Sur ce, j’éteignis le poste et me dirigeai vers ma chambre pour choisir mes habits. Je dois avouer que ce jour là, je mis assez longtemps pour trouver ma tenue.

« Non pas ça ! Pas ça non plus. Beurk ! Il faut quelque chose d’aussi magnifique que moi. Malgré le fait que même une guenille serait belle sur moi. »

Je mis donc trente minutes à trouver ma tenue : une jupe marron, un superbe haut jaune à bretelles et le sac en cuir brun, évidemment. Suite à ce véritable parcours du combattant, je me dirigeai vers la salle de bain et pris une douche chaude, comme d’habitude. Il était huit heures quarante-cinq quand je sortis de la douche.

« Aujourd’hui, je me sèche les cheveux. Je ne veux pas ressembler à une sorcière. Et tant pis si j’arrive en retard. Le patron ne pourra pas en vouloir à sa meilleure employée. »

Il était huit heures cinquante-deux précises quand j’éteignis le sèche-cheveux. Je le remis calmement à sa place, sortis de la salle de bain, pris mon sac et fermai la porte à clé. Je descendis les escaliers à allure normale et, une fois dans la voiture, roulai normalement. J’arrivai à neuf heures dix au bureau.

« - Bonjour Béa. Ça va aujourd’hui ? Tu es très jolie.

- Oui, ça va très bien Christel. Et je sais que je suis très jolie. »

Je regagnai mon bureau et pris le temps de ranger mes affaires.

« - Béatrice ?- Oui, monsieur Mornaud ?- La raison de votre retard ?

- C’est bon je n’ai que dix minutes de retard.

- Pardon ?

- Ecoutez, je travaille toute l’année pour vous, j’accomplis un travail remarquable et suis de loin votre meilleure employée. Donc, si vous le permettez, je dois accomplir mon travail et recevoir un client. Merci de bien vouloir sortir de mon bureau.

- Je vous trouve bizarre en ce moment. On en reparlera demain.

- Oui si vous voulez. Sortez maintenant. »

Il sortit assez énervé à ce qu’on m’a dit. Le client avait assisté à la scène et hésita à entrer.«

- Entrez, monsieur Baudot, c’est bien ça ?

- Euh…oui.- Quelle est la raison de votre venue ?

- Un plan d’épargne retraite. Je… »

La sonnerie de mon téléphone portable retentit.

« Allô ? Nan ? C’est vrai ? Il a dit ça ? Non, c’est bon, je ne suis pas occupée. Le client ? Oh ne t’inquiète pas ! Il a déjà l’immense privilège de m’avoir comme conseillère, il peut bien attendre un peu. Alors je veux toute l’histoire ! C’est vrai ? Non ! Ahahah ! Moi ? Ça va ! Je viens d’avoir une augmentation. Oui. Mais je compte en demander une plus importante. »

Sans que je m’en aperçoive, le client quitta la banque après s’être indigné de mon comportement. Toute la journée fut comme ça. Je me plaignis du prix exorbitant d’un sandwich immangeable au vendeur à midi. Je rentrai le soir, fière de moi, de mon travail, et me remis à critiquer les personnalités qui passaient à la télé en mangeant des nouilles et en buvant une petite bière blonde. Puis j’allai me coucher.


Ce matin-là, j’eus un appétit d’ogre. Je me réveillai toute seule, bien avant que mon réveil ne sonne. J’avais le ventre qui criait famine. Je me levai, courus presque vers la cuisine et me jetai sur mes placards. J’y pris deux croissants. J’ouvrai le frigo, pris une brique de lait, du jus d’orange et versai l’un dans un bol, l’autre dans un verre. J’avalai le tout en moins de deux. Mais le pire, c’est que j’avais ENCORE faim. Je me précipitai vers le placard, y pris deux croissants et deux pains au chocolat. Je les mangeai avec autant d’envie que les deux premiers. Et ma faim n’était toujours pas rassasiée. J’optai donc pour la solution la plus sage d’après moi : continuer à me préparer. Je chantai « Banana Split » tout le temps que dura la douche. Je m’habillai et décidai de partir à ce moment-là travailler pour ne plus être tentée par toutes les pâtisseries que j’avais chez moi. De plus, vu comment j’étais au travail hier, ça sauverait peut-être mon job et ma dignité. Je pris donc mon sac, dévalai les escaliers et décidai au dernier moment d’aller à pied au travail pour deux raisons : la première, perdre les calories que j’avais absorbées en si peu de temps, la deuxième, parce qu’il n’était que huit heures. Une fois en bas de chez moi, je pris ma rue - ou plutôt l’avenue de la sœur Rosalie - jusqu’à la place d’Italie - où se trouvait notre magnifique mairie -, et m’engageai dans le boulevard de l’Hôpital. Ce boulevard est l’un des plus longs du 13e arrondissement avec l’avenue d’Italie. Mais je le préférais à cette dernière, pour ses nombreuses boutiques - qui se situaient à l’embouchure du boulevard -, pour ces lieux historiques - gare d’Austerlitz, Saint-Marcel - et pour ses splendides espaces verts - le jardin à l’arrière de la faculté de Médecine et le sublime Jardin des plantes. Il s’y trouvait également - malheureusement pour moi - une pâtisserie traditionnelle allemande qui faisait des gâteaux délicieux. Cédant à mes désirs, j’y fis une halte pour me réapprovisionner. Arrivée à la place dont je ne retenais jamais le nom, je tournai à droite et longeai la Seine par le quai d’Austerlitz - derrière la gare du même nom. J’empruntai ensuite le pont Charles de Gaulle et tombai rue Van Gogh - où se trouvait Olympias .


Il était huit heures trente - le passage à la boulangerie avait retardé mon arrivée - lorsque je franchis le seuil de la banque. Je décidai de faire une halte à l’accueil pour m’excuser auprès de Christel pour mon attitude ingrate de la veille. Elle ne leva même pas le regard et je vis du coin de l’œil tous les autres collègues guettant sa réaction et mes premières paroles.

« Bonjour Christel. »

Pas de réponse.

« Ecoute, je voulais m’excuser pour hier. J’ai vraiment été ingrate et odieuse. Je ne sais pas ce qui m’a pris et je comprends parfaitement que tu m’en veuilles. Seulement, j’espère vraiment que tu me pardonneras. Encore désolée. »

J’avais tellement honte de moi en me remémorant la journée de la veille que je n’attendis pas sa réponse - s’il y en eut une - et me dirigeai tête baissée vers mon bureau. Une fois seule, je fermai la porte et m’assis dans mon fauteuil. Puis mon regard se posa instinctivement sur la boîte de gâteaux.

« Bon. Un gâteau ne va pas me tuer. »

Mais plusieurs si. Je me jetai sur la boîte, ôtai le couvercle et me précipitai sur une Strudel - spécialité allemande, sorte de tarte aux pommes - que j’engloutis en moins d’une minute. Toujours en proie à ma folie gourmande, je saisis un frankfurter Kranz - gâteau germanique à base de crème. Ce qui ne me rassasia pas. Au contraire. J’avais encore plus d’appétit et plus de quoi satisfaire mon envie. Je fouillai désespérément la boîte à la recherche de miettes quand on frappa à la porte. Prise au dépourvu, je cachai la boîte derrière mon dos.

« Entrez. »

C’était monsieur Mornaud. Il ne parlait pas et semblait attendre des explications.

« Ecoutez monsieur, je voudrais m’excuser pour mon attitude d’hier. C’était totalement déplacé et malgré cette grave faute professionnelle - j’avais tout de même fait fuir un client -, j’espère que vous me laisserez une seconde chance. Je ferai tout ce que vous voulez pour effacer de votre mémoire - et de la mienne - ce petit écart.

- Hmmm… Cela fait bientôt vingt-trois ans que vous travaillez pour nous. Et vous avez toujours fait de l’excellent travail. Sachez tout de même que je garde cet événement en mémoire, Béatrice. »

Sur ce, il quitta le bureau et referma la porte. Vu ma conduite d’hier, il avait annulé tous mes rendez-vous, par mesure de précaution. Je décidai de me mettre au travail. J’allumai donc mon ordinateur. C’était un assez vieux modèle, qui datait de 2000. Cela expliquait sans doute pourquoi il était particulièrement long. Je pris l’initiative d’aller à la cafétéria. Mauvaise idée. Le fait d’être entourée de sucreries me donna l’eau à la bouche. Il n’y avait personne à cette heure-là et je me jetai sur le distributeur. Je le vidai. Il ne restait que des Bounty - je détestais la noix de coco. Ayant l’impression d’être le meurtrier sur les lieux du crime, je décidai de retourner au travail. Je travaillai ainsi toute la matinée. Je me goinfrai de choucroute agrémentée de porc fumé et de saucisses de Bavière le midi. Je repris le travail sur mon ordinateur en m’offrant tout de même quelques pauses pour grignoter des cacahuètes achetées en hâte le midi au supermarché. La soirée se déroula de la même manière : je me goinfrai de Sauerbraten – bœuf mariné dans du vinaigre – et de Knödel – boulettes de pommes de terres, que m’avait envoyées ma grand-tante de Berlin. Après avoir avalé cinq-cent grammes de crème glacée à la vanille, au caramel et au brownie, je me couchai. J’eus l’impression d’être une enclume tellement je m’enfonçais dans le lit.


Ce matin-là, j’avais l’impression d’être normale. Je ne comprenais toujours pas ce qui s’était passé depuis lundi mais pour l’instant, je mettais ça sur le compte de la pré-ménopause (ne perdons pas de vue que je suis une femme de quarante-sept ans. Bref, le réveil se chargea de me réveiller. J’avais bien dormi et n’avais plus faim. Je décidai tout de même de vérifier en me levant et me dirigeant vers mon péché mignon de la veille : le placard à croissants. Je l’ouvris, pris un croissant - hé, oui, il en restait un qui avait dû passer au travers de la tornade dévastatrice que je représentais il y avait moins de douze heures - sentis son odeur et… me dirigeai vers la salle de bain pour "vider le trop plein". Overdose typique de pâtisseries. Une fois assurée de ma "non-attirance" pour les aliments de toutes sortes, je bus un café bien chaud et me préparai comme tous les matins. A la seule exception que la douche me sembla avoir un effet étrange sur moi : la température rendait l’instant… sensuel. Je ne m’attardai cependant pas sur cette impression. Je fermai la porte à clé et tombai nez à nez avec mon voisin, monsieur Dudfor. Il était de dix ans mon cadet, très sympathique, très galant et… très séduisant. Bizarrement, je ne l’avais jamais remarqué.

« Bonjour – lançai-je d’une voix mielleuse que moi-même je ne reconnus pas.

- Bonjour madame Merkel.

- Appelez-moi Béa. Vous êtes très séduisant aujourd’hui – Aïe !

- Euh… Merci » rétorqua-t-il gêné.

Il y eut un petit blanc durant lequel je lui jetai des petits coups d’œil coquins – je n'étais vraiment pas moi ce jour-là.

« - Ca va madame… Euh… Béa ?

- Oui et toi, mon chou ? »

Ou lala. Il me dévisagea puis je compris que je n’étais manifestement pas dans mon état normal. Je me retournai donc et dévalai les escaliers. Une fois dans la voiture, je mis le contact et démarrai aussi vite que je pus. J’essayais de rester concentrée sur ma conduite mais je ne pouvais m’empêcher de jeter un regard à chaque homme qui était sur ma route et je sentais en permanence un sourire satisfait se dessiner sur mes lèvres. Je faillis ainsi griller un feu rouge et provoquer un accident, ce qui me tira un moment de mes rêverie.

J’arrivai à la banque à l’heure, mais ne me dirigeai pas vers mon bureau. Il y avait deux hommes dans le service – un conseiller, comme moi, et le patron. J’avais toujours soupçonné le conseiller, monsieur Chenieux d’avoir un faible pour moi. C’était un homme charmant de cinquante ans, mais qui n’étais pas vraiment… attirant. Sauf aujourd’hui, lorsque je le croisai dans le couloir, je sentis monter en moi l’excitation, qui se traduisait par des bouffées de chaleur.

« - Bonjour, Roland.

- Bonjour, Béatrice. Comment allez-vous ?

- Mieux depuis que je parle avec vous. »

Le pauvre ne semblait rien comprendre à ce qui se passait. Il avait les yeux exorbités et la bouche ouverte. Je repris assez mes esprits pour pouvoir tourner les talons et me diriger vers mon bureau. Malheureusement, mes pas ne me conduisaient pas vers mon bureau mais vers celui de monsieur Mornaud. J’ouvris la porte malgré moi, surexcitée. Il était dans son fauteuil, ôta ses lunettes et me fixa.

« Puis-je faire quelque chose pour vous, Béatrice ? »

C’est alors que je me dirigeai vers son bureau et que, telle une furie, je me jetai sur lui et l’embrassai. Il était marié, c’est pourquoi il me repoussa illico. Enfin essaya. Je crus que j’allais lui arracher sa chemise. J’étais folle. Je n’arrivais pas à contrôler cette attirance démesurée et inhabituelle.

Enfin il se dégagea et me prit par l’épaule pour me conduire vers la porte, telle une petite fille qui aurait fait une bêtise. Une énorme bêtise. Irréparable.

« Ca suffit ! Allez-vous-en ! Je ne sais pas ce qui vous prend mais je n’aime pas ça ! Vous êtes suspendue jusqu’à lundi prochain. Sauf si votre état ne s’améliore pas. Auquel cas je me verrais obligé de vous virer. »

Virer. Le mot me fit frissonner et me permit de reprendre assez mes esprits pour me précipiter vers la sortie de la banque. La seule chose que je comprenais, c’était que je n’arrivais pas à me maîtriser. C’est pourquoi je restai cloîtrée chez moi toute la journée, à lire, à regarder la télé, à manger, et enfin à me coucher. Je ne savais pas quand cela allait prendre fin mais ça commençait à m’inquiéter et à me peser. J’étais heureuse que le patron me permît de rester chez moi demain encore. Je me demandai ce qui m’attendait pour la suite…


Ce matin-là, je me sentais plutôt bien, n’ayant pas mis mon réveil, je me levais à onze heures, ce qui me fit penser que c’était là la cause de ma bonne humeur. Mais je n’étais pas dupe. Je m’étais sentie bien la veille aussi, au début en tout cas. J’avais appelé une amie à moi, Norah, que j’apprécie énormément, et, après avoir longuement parlé, nous étions convenues de nous retrouver ce jour-là à douze heures pour une journée shopping. Au programme : déjeuner à L’Ephémère, un de mes restaurants préférés - il était peut-être plus cher que les autres, mais leur rosbif sur lit de champignons accompagnés de pommes duchesse était majestueux, royal - nous allions ensuite flâner dans la capitale, prendre le bateau-mouche, sans oublier de faire les boutiques ici et là.

Je me préparai donc et retrouvai Norah comme prévu, à douze heures devant L’Ephémère. Jusque-là, tout allait pour le mieux. Quand nous fûmes bien installées, le serveur nous amena la carte. Je l’ouvris et fus saisie d’horreur.

« - Pardon ?! Vous avez augmenté le prix de votre menu Forestier ?!

- Euh… Oui madame. Mais vous savez….

- Comment ça ! Il n’y a pas de « mais » qui tienne ! C’est une honte !

- Mais…- Cela fait bientôt vingt ans que je déjeune ici, mon petit, bien avant que tu ne sois mis au monde ! Je veux voir le patron !

- Tout de suite, madame, bafouilla-t-il.

-Vous avez intérêt ! »

Je croisai alors le regard alarmé voire choqué de Norah.

« - Ca va pas ? Qu’est-ce qui te prend !

- Quoi ?! C’est moi qui ai tort maintenant ! C’est du vol !

- Arrête un peu de crier, veux-tu ! Tu vas nous faire remarquer. »

Je ne jugeai pas nécessaire de répondre à ça. J’attendis donc le chef.

« - Madame ? Il y a un problème ?

- Oui monsieur ! Cela fait vingt ans, vingt ans vous entendez ! que je mange ici, et le menu Forestier, que je prends depuis vingt ans, a considérablement augmenté !

- Voyons madame, vous exagérez. Il n’a augmenté que de un euro. Et cette hausse est dûe au fait que nos producteurs sont plus chers.

- Ecoutez, je travaille dans une banque, je connais donc la valeur de l’argent et il est hors de question que je paie un euro de plus le même repas.

- Bon, puisque c’est vous madame, nous ferons une exception. Mais cessez de crier, voulez-vous. Rémi, tu feras le menu Forestier au même prix que d’habitude pour madame.

- Bien, monsieur.

- Bon appétit, mesdames. »

Sur ce, le chef et son serveur tournèrent les talons, nous fûmes très bien servies et ne payâmes que le prix ordinaire. Je sortis donc du restaurant ravie. Mon amie l’était un peu moins, vu mon comportement, mais ne releva pas et la journée se déroula sans embûches. Jusqu’aux bateaux-mouches…

« - Quoi ?! Eux aussi ont augmenté ? C’est honteux !

- Ca fait un certain temps maintenant Béa. Et ça n’a augmenté que de cinquante centimes d'euro.

- Raison de plus ! Déjà que je trouvais ça cher ! On verra les mêmes choses à pieds ! Allez, viens, on y va.

- Non ! Cette fois j’en ai marre ! D’abord, tu nous fais honte au restaurant, ensuite tu t’indignes des prix des vêtements dans tous les magasins que l’on a faits et, pour finir, tu te plains du bateau-mouche ! J’en ai assez, je rentre. J’ai été assez patiente jusque-là. Appelle-moi quand tu seras redevenue toi-même. »

Je restai un petit moment sur place, ébahie. Comment pouvait-elle me dire ça ? A moi ?! Ce n’était pas de ma faute si tout était cher. Et j’avais quand même payé le restaurant. Même si je l’avais regretté ensuite. Je déteste cette société de consommation, uniquement basée sur le profit. C’était mieux de mon temps. Une fois la surprise passée, je tournai les talons et décidai de rentrer chez moi : tout était trop cher de toute façon. J’étais d’autant plus énervée que j’avais dû gaspiller de l’essence pour rien. Belle source de profit là encore. Je rentrai donc à la maison, ne mangeai pas - je n’avais pas faim et l’idée de manger inutilement des produits que moi j’avais achetés, ne me ravissait pas - lus un livre - la télé consommait de l’électricité, en véritable pompe à fric - et me couchai.

Ce matin-là, je me levai à dix heures. J’étais énervée. Je pensais que cela était dû à ma mauvaise journée de la veille et au fait que je suis soupe au lait le matin. Mais tout me mettait hors de moi. Tout d’abord, je ne trouvai plus une de mes pantoufles. Ensuite, il faisait un temps de chien dehors, malgré le fait que l’on soit en juillet. Puis, ce fut au tour de la douche de m’énerver : en effet, à peine étais-je rentrée que je glissai et me fis atrocement mal au dos. Je poussai d’ailleurs un cri épouvantable - comme si on égorgeait une truie -, certainement entendu par l’immeuble tout entier, en commençant par le deuxième - celui où je résidais. Je m’habillai avec beaucoup de peine. J’allai alors vers le frigo pour calmer la douleur et là ! Horreur ! Malheur ! Plus de glaçons. J’hésitai un moment, puis me décidai à aller frapper à la porte de mon voisin pour lui demander ce qui me manquait le plus à cet instant : du froid.

« J’arrive ! »

La porte s’ouvrit et je me rappelai - trop tard hélas ! - l’horrible jeudi ou je tentai de le séduire malgré moi.

« - Bonjour, monsieur Dudfor.

- Bonjour, madame Merkel… euh… Béa ? »

Je riais d’un rire gêné et qui sonnait complètement faux.

« - Oh ! Ecoutez… veuillez oublier le… enfin… ce qui s’est passé jeudi. Je n’étais pas dans mon état normal.

- Très bien. Qu’est-ce qui vous amène ?

- Je suis tombée dans… enfin bref, j’aurais besoin de glaçons.

- Je vais vous chercher ça. »

Sa galanterie si attachante d’habitude m’énervait au plus au point ce samedi. Une fois qu’il eut poussé la porte, je grognai des choses inintelligibles. Il réapparut peu de temps après.

« - Voilà, Mme Merkel. Voulez-vous de l’aide ? J’appelle un médecin ?

- Cessez donc vos politesses, c’est irritant ! » lançai-je en me saisissant du torchon qui contenait les glaçons.

Le pauvre semblait complètement désorienté.

« - Et…vous comptez le rapporter quand ?

- Pourquoi ? Vous avez besoin de vos glaçons immédiatement ?! Vous verrez bien quand je vous les ramènerai. »

Après quoi je tournai les talons et regagnai mon logis en claudiquant. Je fulminais maintenant. Et les glaçons n’arrangeaient pas grand-chose à mon mal de dos. Je décidai donc d’aller me reposer. J’aurais bien mangé mais lorsque j’avais tenté d’ouvrir une boîte de cannelés, je m’étais coupée avec l’ouvre-boîte. Malgré la douleur, je m’endormis assez rapidement. Je dus faire un cauchemar, car je me réveillai en sueur, les draps en dehors du lit et le collier de mon frère à mes côtés. Il était treize heures. Je n’étais plus énervée. J’étais assez calme, mais à bout de souffle. Je me levai donc pour boire un verre d’eau pour me rafraîchir. J’avais maintenant moins mal au dos. Je retournai dans la chambre, remis un peu d’ordre, me rafraîchis dans la salle de bain et revins dans ma chambre.

C’est alors que je compris. Quand je le vis. Il était à l’origine de tous mes soucis et de mes changements d’humeur. J’en étais sûre à présent. C’était depuis que je l’avais que j’agissais bizarrement. Je me rappelais les paroles de mon frère. Je saisis le téléphone et composai le numéro.

« - Ulrich ?

- Béa ?! Ca va ?

- Oui. Raconte-moi la légende ! Tu sais, celle du collier !

- Pardon ? Ah ! Oui, c’est vrai. Bien. C’est donc la Légende de l’Impératrice. L’Impératrice dont il est question se nommait Lü et vivait il y a fort longtemps, pendant la dynastie Han. Un magicien maléfique, dont les avances avaient été repoussées par Lü, décida de se venger. On raconte qu’il souhaitait confectionner un collier, qui réunirait tous les vices primaires, - il en compta sept - d’où découlaient tous les autres, afin que, chaque jour de la semaine, l’Impératrice se voie possédée par l’un d’eux. Au bout de sept ans, il acheva son plan machiavélique et fit offrir le collier à l’Impératrice. Celle-ci le trouva magnifique mais, lorsqu’elle le mit, son caractère devint lunatique. Rapidement, le peuple la maudit. On lui ôta son titre d’Impératrice et tous ses biens lui furent confisqués. On lui laissa le collier et elle mourut peu de temps après, d’une maladie inconnue. Certain disent que se serait le collier qui la détruisit. Personne ne s’occupa de sa dépouille et un voleur qui passait par-là vit le magnifique collier et ne put s’empêcher de le prendre. C’est ainsi que le collier est remonté jusqu’à nous. Il paraîtrait que c’est de cette légende que se sont inspirés les chrétiens, plus de trois cents ans après, pour créer les Sept Péchés Capitaux… »



*Alles gute zum geburtstag : joyeux anniversaire.
*Liebling : chérie.
*Mutti : maman.
* Unverheirateter : célibataire.
CS
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