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26 Août 1999

Comme tous les jours, Béatrice Merkel faisait sa balade quotidienne avec sa chienne Pépette. Mais ce jour ne fut pas comme les autres. Un jeune homme d’une trentaine d’années, qu’elle n’avait jamais vu auparavant, venait de passer devant elle. Pas un homme comme les autres un homme avec de la classe et pourtant de la réserve. Un homme comme elle les aime. Elle sentait son cœur battre de plus en plus fort tandis que lui, avançait d’un pas nonchalant, la tête dans son journal, en se retournant de temps, croisant le regard de Béatrice. Ensuite il changea de trottoir continuant ces jeux de regards…

Au moment de traverser, un bruit de tonnerre se fit entendre, le jeune homme tomba…

Elle accourut à son secours, oubliant sa chienne qu’elle trainait derrière machinalement, elle prit son pouls, et resta de marbre. Elle ne sut quoi faire, paniqua, courut d’un côté puis de l’autre, ne sachant où aller pour trouver de l’aide.

Derrière elle, elle entendit une voix de femme disant :

« C’est elle !!! Je l’ai vue !!! Elle l’a poussé sous les roues de la voiture !!! »

En entendant cette femme, Béatrice paniqua, oublia complètement pourquoi elle courait.

Effrayée de ce qu’elle venait d’entendre, elle s’enfuit le plus vite possible tirant une fois de plus sa chienne dans tous les sens, vers sa maison.

Cette femme mystérieuse, appela la police pour dénoncer ce qu’elle venait de voir, elle était persuadée d’avoir vue Béatrice tuer le jeune homme.

Béatrice se doutait d'être accusée de meurtre qu’elle n’avait pas commis... elle tournait en rond dans son appartement… ne sachant quoi faire… se dopait aux antidépresseurs…

De retour dans les bureaux du commissariat, un interrogatoire se prépare avec le témoin :

- Bonjour madame…

- Madame Chossac, Albertine Chossac pour être exacte.

- Très bien, madame Chossac. Je suis l’inspecteur Labiche. Dites-moi tout ce que vous avez vu, s’il vous plaît.

- Alors , j’étais tranquillement assise à une table d’une brasserie, quand…

- Quelle brasserie ?

- Dans le parc, il n’y a qu’une brasserie, c’est la Paska.

- Ah oui, je vois. Poursuivez, je vous prie.

- Je me souviens qu’elle avait un accent allemand,… je pense… et lorsqu’elle prit la fuite, elle a fait tomber une carte de visite. Apparemment, elle serait conseillère clientèle dans une banque, celle de la banque de France.

- Vous avez gardé cette carte ?

- Oui, tenez ! La voici … de l’autre côté de la carte est inscrite son adresse.

- C’est bien sur la place d’Italie, au 13e arrondissement à Paris… donc dans notre ville.

- Oui, il me semble; et je pense que c’est important de vous dire que c’est une femme assez mûre, entre quarante-cinq et cinquante ans, mais pas plus... je pense que c’est tout.

- Je vous remercie pour tous ces détails madame Chossac. Vous nous avez été d’une aide précieuse ! S’il vous revient à la mémoire un petit détail… Revenez nous voir !

- Je vous en prie. Je reviendrai si nécessaire. Mais… dîtes-moi, vous avez l’air tout retourné…?!

- Non, non… Bon retour, mon collègue va vous raccompagner. Au revoir.

- Au revoir.

Un collègue s’approcha de l’inspecteur Labiche, et lui demanda à son tour s’il allait bien. L’inspecteur prit une chaise pour s’asseoir, et mit sa tête dans ses mains. Il avoua ensuite et dit :

« L’enquête sur laquelle je suis, ne colle pas avec ce que dit madame Chossac, car le légiste m’a dit son compte-rendu sur la mort du jeune homme, et n’a pas vu de trace de couteau, d’arme à feux ou de marques d’étranglement. Il a été renversé du côté droit par une voiture allant environ à cinquante kilomètres heure. Donc la femme accusée par madame Chossac n’est pas la coupable, c’est le chauffeur de la voiture qui est coupable ! Heureusement, j’ai une carte où il y a son adresse. Viens avec moi, on va allez lui annoncer la bonne nouvelle.

Entre-temps, un policier était venu chez Béatrice, qui déjà n’était pas bien du tout, pour lui annoncer qu’elle était accusée de meurtre, qu’il fallait qu’elle reste chez elle, jusqu’à ce que d’autres policiers viennent la chercher.

Une fois arrivés au 13e arrondissement, l’inspecteur Labiche et son collègue trouvèrent sans difficulté la maison de Béatrice. Ils sonnèrent une fois… sans réponse. Puis deux… puis trois… avant de rentrer en forçant la porte. Puis l’inspecteur Labiche cria dans la maison :

- MADAME MERKEL ?!

Son collègue vérifia les pièces de la maison, puis arrivé à la salle de bain… il s’arrêta sans rien dire… L’inspecteur arriva dans la même pièce, sortit son portable, en restant calme, et appela son patron pour seulement lui dire :

« C’est fini… affaire classée… Béatrice Merkel n’est plus des nôtres.

Béatrice venait de se couper les veines, étendue de tout son long dans sa baignoire.

L’inspecteur tourna la tête pour éviter d’avoir son regard en face de cette femme étendue et vit une lettre… sur l’évier de la salle de bain :

« Je me doute qu’un jour ou l’autre quelqu’un tombera sur cette lettre…

Je ne peux expliquer mon geste que par le désespoir… ma vie est monotone. J’ai un boulot que je n’aime pas, je suis divorcée, je n’ai pas d’enfant, pas d’amis… je suis accusée d’un meurtre que je n’ai pas commis… à quoi bon se battre. Je n’ai plus rien à vivre… Adieu monde injuste. »

AL, CD, NV
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