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Mystérieuse disparition

Béatrice Merkel est une femme d’âge mûr de quarante-cinq ans qui ne fait pas son âge : en effet, elle paraît plus jeune. Un mètre soixante-quatorze, soixante-deux kilos, c’est une femme sportive, aux yeux verts. Elle est divorcée depuis maintenant trois ans d’un homme qui a préféré partir vivre à Hawaï avec son nouveau partenaire. Elle habite à Paris, 13e arrondissement, Avenue des Gobelins, près de la place d’Italie.


Samedi 21 avril, 9h30, chez Béatrice

L’air est chaud, le soleil s’est levé depuis déjà un moment, Béatrice, elle, est toujours dans ses draps… le téléphone sonne… ce n’est pas la fainéantise qui l’empêche de décrocher, mais la crampe qui lui parcourt le bras. Il faut dire que malgré son apparence bien conservée, son corps ne trompe pas son âge. Sa main atteint à présent le téléphone ; à l’autre bout du fil c’est une voix un brin excitée qui commence à raconter tous ses exploits de la veille. Béatrice reconnaît alors Jenny son amie d’enfance. Elles ont l’habitude de passer du bon temps avenue de Choisy : elles se rejoignent toutes les deux au centre commercial Italie 2 chaque semaine pour faire du shopping. C’est avec elle que Béatrice est partie d’Allemagne à vingt ans pour venir faire ses études à Paris. A présent, elle est depuis neuf ans, conseillère en clientèle au Crédit Mutuel de l’avenue des Gobelins ; Jenny, elle, tient un salon de coiffure, 86 boulevard de l’Hôpital.

Les péripéties de Jenny défilent toujours à l’autre bout du fil… pour ralentir le rythme de la conversation, Béatrice se sent obligée de lui proposer quelque chose : une sortie shopping ? Elle accepte tout de suite. Une fois le téléphone raccroché, Béatrice se lève, ouvre la porte de sa penderie, et reste immobilisée, figée devant toutes ses étagères… tellement de choix…

Après cinq bonnes minutes, elle opte simplement pour un slim noir, un débardeur rouge Guess, des chaussures vernies rouges à talons, et un gilet sans manches, noir lui aussi…


Un peu plus tard, devant Italie 2

Sur un banc, jambes croisées, c’est une belle femme blonde, aux yeux bleus, quarante ans environ, vêtue d’un simple jean, d’un tee-shirt noir et de petites ballerines de même couleur qui attend… Attend quoi ? Ou plutôt qui ? Simplement son amie Béa qui vient de la rejoindre. Toutes deux réunies, elles entrent enfin pour une folle journée de shopping. Quelques heures plus tard, les bras chargés de sacs de différents magasins, elles relatent des souvenirs d’enfance.

C’est alors qu’elles croisent deux de leurs amies : Ambre et Sandra qui a l’air préoccupé.

Comme toute femme qui aime se raconter les potins de la ville, elles décident de le faire autour d’un verre…


Au « Café de France », 12, place d’Italie, 19h00

Installées sur une banquette, au fond du bar, elles commandent tranquillement leur boisson. L’atmosphère est assez sympa; c’est un cadre classique, simple, un lieu confortable qui accueille ses clients à toute heure. Il se situe entre le boulevard Auguste Blanqui et l’avenue des Gobelins. Seule Sandra semble lointaine.

Béatrice aime se retrouver en bonne compagnie dans ce lieu. Elle y est une fidèle habituée. A présent, elle connait très bien l’un des serveurs, un bel espagnol nommé Antonio ayant environ la trentaine.

Les trois femmes, discutent toujours : mode, hommes, travail… tandis que Sandra s’est éclipsée aux toilettes. Mais c’est seulement vingt-cinq minutes plus tard que les amies se rendent compte de la longue absence de leur copine. Elles ne s’affolent pas, car elle peut très bien être en train de discuter avec quelqu’un… Seule Béatrice s’inquiète et part à sa recherche. Personne aux toilettes, personne près du bar, personne… Que ce soit Antonio ou tous les serveurs du restaurant, personne ne l’a vue partir… où est-elle ?

Les recherches se poursuivent dans la soirée, mais en vain… personne chez elle, Sandra à bel et bien disparu !

Ce sont alors des questionnements infinis qui surgissent, des messages par dizaines qu’Ambre laisse sur son répondeur et la peur qui submerge les trois femmes.

Elles se retrouvent dans les rues peu éclairées de Paris et, par crainte, Béatrice propose à ses amies d’aller passer la nuit chez elle…

Dimanche 22 avril, 2h30, chez Béatrice

La fatigue liée à leur journée bien agitée, règne dans l’appartement ; elles luttent contre le sommeil pour trouver des explications mais, malgré toutes ces péripéties, Ambre s’endort désespérément sur le canapé pendant que Béa et Jen s’interrogent encore sur l’événement…

Au petit matin, après une courte nuit, les femmes se réveillent tout doucement en ayant comme premier réflexe de regarder leur portable, mais toujours aucune nouvelle de leur amie.


Quelques heures plus tard … Sandra, disparue depuis 12h.

Pendant qu’Ambre et Jen rentrent chez elles, chacune de leur côté, Béatrice ôte ses vêtements pour aller se doucher. Soudain la sonnette, à la porte, interrompt la douche de Béa ; elle enfile vite son peignoir pour aller ouvrir… Le sourire aux lèvres, elle espère de tout cœur voir son amie Sandra revenir à elle, mais, c’est malheureusement un coursier qui est venu lui porter un message. Une enveloppe blanche qui contient une toute petite lettre ; sur celle-ci est inscrite une adresse suivie d’une seule phrase « : Rejoins- moi, seule, Sandra… » Le fait de recevoir enfin des nouvelles de son amie l’inonde de bonheur mais, elle est à la fois très surprise d’obtenir si peu d’informations.

Elle se prépare rapidement et file à l’adresse donnée…


Dimanche 22 avril, 12h00, passage Vandrezanne, Sandra et Béatrice

Béatrice arrive enfin à l’endroit prévu... C’est si sombre, presque inquiétant, mais elle se lance et s’arrête soudain face à Sandra. Que se passe-t-il ? Pourquoi cet endroit ? Pourquoi avoir disparu sans même donner des nouvelles à ses amies ? Pourquoi tout ce mystère ?

Sandra est bouleversée : c’est secrètement qu’elle annonce à Béa qu’elle est voyante : c’est un don qu’elle a depuis toute petite ; mais c’est seulement depuis l’âge de trente ans qu’elle a décidé de s’en servir et d’en faire un second métier ignoré de ses amis. Celui-ci ne lui avait jamais causé autant de soucis : elle a découvert qu’un de ses clients, trafiquant de drogue, a de gros problèmes financiers avec un gang adverse : il leur doit une grosse somme ! Sandra lui a prédit que, faute de rembourser l’argent avant le 25 avril, il se fera tuer ! C’est à cause de cette prémonition que Sandra est dorénavant mêlée à cette histoire car son client, depuis, la fait chanter : si elle ne lui procure pas la somme requise avant la date prévue, il menace de la liquider à son tour. En apercevant qu’un homme semblait la surveiller alors qu’elle était installée au café avec ses copines, elle a paniqué et préféré disparaître. Aujourd’hui, elle n’a plus qu’une amie sur qui compter pour se tirer de ce mauvais pas : Béatrice, conseillère en clientèle au Crédit Mutuel.

Béatrice accepte sur le champ de l’aider sans se soucier de ce qui pourrait se passer par la suite. Mais, elle a sa petite idée : « emprunter » l’argent à sa propre banque serait de la folie, elle décide donc d’avertir secrètement la police.


14h00, au poste de police, 144, boulevard de l'Hôpital…

C’est un charmant agent, grand, brun, la quarantaine, qui accueille Béa : l’agent Samuel. Malgré tous ces événements, elle tombe immédiatement sous son charme. Bégayante, elle commence à lui raconter son incroyable histoire… et parvient enfin à se sentir à l’aise face à ce bel homme ; c’est avec un air nettement plus détendu qu’elle continue de communiquer tous les renseignements concernant cette affaire. D’après l’adresse donnée, le client de Sandra doit la rejoindre à l’ancien entrepôt frigorifique du 13e arrondissement le mardi 24 avril, à vingt-trois heures précises. L’agent promet de tout mettre en œuvre pour tirer Sandra de ce mauvais pas. Béa peut être sans crainte… La police lui donnera la somme demandée et interviendra pour arrêter le maître chanteur et, peut-être, démanteler le réseau des trafiquants de drogue. Après une heure de discussions, le sourire aux lèvres, Béa part rejoindre Sandra chez elle.


15h00, rue Albert Bayet, chez Sandra

Pas un mot sur tout ce qui se trame à Sandra ; l’amie de Béa ne doit rien apprendre, car, par panique, par peur de mourir peut-être, elle risquerait de tout faire tomber à l’eau. C’est pour cela que Béatrice lui raconte à présent tout ce que Sandra veut entendre : elle lui donnera l’argent comme prévu mardi. Elle ne doit pas s’inquiéter : tant que son client n’a pas l’argent, il ne lui fera pas de mal.


Mardi 24 avril, 22h00, près de l’entrepôt frigorifique…

Après deux longues journées de préparations, une vingtaine de policiers armés sortent de la caserne… Les agents se dispersent très discrètement autour de l’ancien entrepôt frigorifique. Les patrouilles de secours ne sont jamais très loin au cas où il faudrait intervenir. Pendant que Béatrice reste dans un camion de surveillance en compagnie de l’agent Samuel, Sandra est au point de rendez vous avec une valisette contenant l’argent. Son client est bien là, seul, il attend, armé… Au moment où Sandra lui donne la mallette, les policiers interviennent et le prennent au piège.

Depuis ce jour, Sandra a décidé d’arrêter le métier de voyante, elle préfère vivre sans ce don. Béatrice et Sandra ont préféré ne rien dire à leurs amies à propos de cette aventure et ont inventé comme prétexte que Sandra était malade et qu’elle s’est absentée, car elle ne se sentait pas bien, lors de la soirée au « Café de France ».

Grâce à cette mésaventure, Béatrice a peut-être enfin retrouvé quelqu’un : l’agent Samuel l’invite à diner...
VC - MC
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