_______________

Une nouvelle étrangère

Béatrice a quarante-trois ans, elle est née en Allemagne à Berlin en 1965. Elle vit avec son ami Mario et leur chien Cuzco à Bouchemaine.

Tout commence donc à Berlin où elle fait des études de gestion et comptabilité jusqu'à l’âge de vingt-et-un ans. Après ses études, elle est embauchée dans une banque « le Crédit agricole », qui se situe à Hambourg où, au fur et à mesure des années, elle grimpe les échelons pour devenir, à quarante-deux ans, directrice adjointe. Béatrice travaille donc au Crédit agricole de Hambourg qui est la plus grande banque d’Allemagne, son directeur est Jean, son mari.

Un jour de juin 2007, il lui propose un poste en France à Angers où elle serait la grande directrice. Béatrice accepte tout de suite car elle adore ce pays où elle a été plusieurs fois en vacances en Bretagne. Mais ce qu’elle n’avait pas compris, c’était qu’il voulait s’en débarrasser au plus vite car il voulait demander le divorce. Ce qu’il fait une semaine plus tard. Béatrice comprend tout de suite et fait son sac pour la France dès le soir. Son train est prévu pour neuf heures trente. Le matin, elle se lève à huit heures et part tranquillement pour la gare en prenant des croissants et un café au bar du coin ; arrivée à la gare, elle regarde les horaires du train et voit trente minutes de retard, donc elle achète un magazine au point presse. Après avoir décortiqué toutes les dernières nouvelles people, elle monte dans le train en seconde classe, elle s’assoit au premier siège qu’elle voit, le train démarre puis accélère pour la France !

En face d’elle un homme, la quarantaine, l’intrigue. Elle a l’impression de l’avoir déjà vu en Allemagne. D’un seul coup, elle se rappelle, c’est le coiffeur de la rue d’en face. Béatrice commence donc une conversation en allemand avec celui-ci, et au fur et à mesure que la conversation avance, elle s’aperçoit que ce monsieur Tabour part lui aussi pour la France pour travailler à France 3 dans les coulisses. A l’arrivée en France, ils descendent tous les deux et vont ensemble se prendre un petit repas à la cafétéria de la gare. Ils commencent à s’apprécier de plus en plus. Béatrice n’ayant pas encore de logement, Mario l’invite chez lui. Mario, lui, a un grand appartement dans le quartier du Lac de Maine et donc s’entendant tellement bien, Béatrice emménage chez lui alors que cela ne fait qu’une semaine qu’ils se connaissent. Pour apprendre les bases du français, ils prennent des cours où ils rencontrent d’autres personnes étrangères dont certaines viennent d’Allemagne comme eux.

La vie suit son cours tranquillement, au travail tout se passe bien et à la maison aussi, Béatrice vient même d’apprendre qu’elle est enceinte pour la première fois d’un petit garçon. L’accouchement arrivant, Béatrice arrêta le travail pour se reposer et en profita pour chercher une maison plus grande car avec un petit il fallait plus de place. Elle trouva une maison dans la campagne où il y aurait assez de place pour trois et un grand jardin où « Cuzco » pourrait se défouler.

L’accouchement arrive le 1er avril et le nouveau né, Hugo, arriva en pleine forme pour le plus grand plaisir de ses parents et de ses grands-parents qui ont fait le déplacement spécial d’Allemagne.

Les mois passent, Hugo grandit sous le regard de sa mère qui a pris les congés maternité et son père qui se fait un grand plaisir de le voir le soir en rentrant du travail.

Béatrice, qui devait normalement reprendre le travail un an après la naissance, décide de changer de travail et de se mettre à la politique en s’engagent avec le parti de droite. Les élections dans le parti sont prévues pour dans un mois, Béatrice prépare donc un programme. Tout se passe très bien, elle est élue avec 57% des voix à la tête du parti. L’échéance du premier tour des municipales est pour dans cinquante jours. Avec tout son parti, elle confectionne un programme consistant, elle va à la rencontre des gens au travail, à l’école, au marché, et les gens ont l’air satisfait de son programme. Elle part donc très confiante pour se premier tour. Au soir du premier tour, surprise elle est en ballottage défavorable : la campagne repart donc de plus belle. Entre les deux tours, elle retourne voir les gens en allant directement chez eux pour les convaincre de voter pour elle et son équipe au deuxième tour. Le lundi soir, la liste opposée lui propose un débat qu’elle accepte, ce sera jeudi soir en direct sur France 3 ouest. Au cours de ce débat, les habitants pourront participer et poser des questions. Nous sommes dimanche matin, Béatrice se réveille, il est sept-heures trente ; les bureaux de vote ouvrent à huit heures et il faut qu’elle soit présente dès l’ouverture en tant que chef de liste. La journée avance, elle va voter à quinze heures en compagnie de son copain, l’échéance du dépouillement arrive en même temps que le stress !

Dix-huit heures : fermeture des bureaux de vote et début du dépouillement, Béatrice est au bureau où il y a le plus de votants ; pour l’instant les résultats sont très serrés mais elle est quand même en tête pour son bureau, avec 51.8% des voix.

Vingt heures : rassemblement à la mairie pour les résultats complets, c’est la secrétaire de mairie qui annonce : « M. Dupont : 51.6% ; Mme Merkel : 48.2 ; le reste des voix est nul. »

Dans la salle, il y a deux camps : ceux qui ont l’air très tristes, comme Béatrice, et ceux qui applaudissent comme les gagnants de ces élections. Pour Béatrice, c’est une grande claque tant pour sa vie personnelle que pour sa vie professionnelle, elle rentre donc tout de suite chez elle et va se coucher…



ER
2008 Ecrire avec, lire pour © Droits réservés