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Double vie ... Double jeu

Béatrice Merkel, une femme d’âge mûr de quarante-cinq ans, originaire de Hambourg en Allemagne habite le treizième arrondissement de Paris non loin de la place d’Italie. Célibataire elle est très attachée à son pays natal où elle a été élevée avec sa cousine Angela qui en est aujourd’hui Chancelière. Béa a quitté l’Allemagne après son divorce, il y a maintenant 5 ans pour venir habiter à Paris où elle exerce la profession de conseillère en clientèle. Malgré cette distance, Béa et Angela se téléphonent régulièrement pour prendre de leurs nouvelles.

6h00 - Béa se lève comme tous les jours pour se préparer mentalement à aller travailler : collègues lunatiques et narcissiques, c’est son quotidien.

Elle enfile son tailleur fétiche, pantalon et veste sombres avec un chemisier rouge en satin. Cheveux tirés, maquillage strict. Béatrice se dirige vers la porte extérieure de son appartement du 13e direction le métro Corvisart. Le métro, une épreuve de tous les jours pour Béa, pickpockets, clochards, gens agglutinés. Après vingt minutes de métro direction son lieu de travail, la banque « Agence Olympiade ».

Installée à son bureau, elle se prépare pour son entrevue de dix heures. Après avoir avalé deux cafés, son rendez-vous arrive ; un jeune homme brun, grand au regard envoutant lui sourit. Ce client la met à l’aise. Béa vante les mérites des services de sa banque ; ce discours elle le connait sur le bout des doigts. Après trente minutes le client est conquis, signe le contrat d’assurance-vie proposé et repart. Elle ressent un frison la traverser alors qu’elle lui serre la main.

12H00 - Elle part déjeuner et croise Sawyer !

-« Bonjour Béa ! Comment vas-tu, aujourd’hui ?

- Je vais très bien et toi ?

- Moi, toujours la forme ! Alors ton nouveau client, comment il était ?

- Hum, très séduisant, très à l’écoute ; c’était facile, il a accepté le contrat.

- C’est super ! Encore un nouveau client ! »

Pour Béa, Sawyer est un collègue de travail mais aussi son meilleur ami et son confident.

Elle se rend à la caisse pour régler son repas et cherche son portefeuille. Rien. Elle commence à paniquer car elle a beau fouiller au fond du sac, le portefeuille est introuvable. Sawyer voit que Béa se sent gênée et décide de lui payer son repas.

- « Merci beaucoup je te revaudrai ça….

- De rien ; c’est normal, tu es ma meilleure amie ! »

19H00 - Béa quitte son travail.

Dans le métro, surprise ! Béa aperçoit son client de la journée, celui au regard envoutant.

- « Ah ! re-bonjour madame Merkel !

- Monsieur Vladimir ? C’est bien cela ?

- Tout à fait !

Le métro file à toute allure. Béatrice et son client engagent une discussion sur l’avenir de la planète et du beau temps exceptionnel pour la saison. Arrivés à son arrêt, ils se serrent chaleureusement la main. Dernier regard avant de se quitter.

Béa arrive dans son luxueux appartement, ouvre la fenêtre qui donne sur le parc Kellermann. Après quelques minutes de zapping devant sa télévision, le bruit incessant du micro-ondes s’interrompt : sa pizza est cuite. Elle mange sur le pouce devant la télé et s’aperçoit au générique du journal TV qu’il est déjà vingt heures ! Béa part se changer, une robe légère suffira !

20h30 - Il est temps pour elle de partir … Direction la bouche de métro la plus proche ; il lui faudra passer plusieurs arrêts avant d’arriver au lieu insolite où elle se rend trois fois par semaine !

Dans le wagon, elle s’assoit côté vitre, évitant les regards enrobants des individus autour d’elle. A vrai dire, c’est très rare de renconter une si belle femme ; quel homme n’aurait pas envie de la posséder ? Les arrêts passent, Béa a la tête ailleurs, elle pense à son mystérieux client. Le métro s’arrête, il est temps de quitter ces yeux qui la scrutent. Béa sort la première. D’un pas pressé, elle se rend vers son lieu mystérieux….

Elle prend la première rue à droite qui s’ouvre sur une ruelle sombre et étroite et arrive devant un bâtiment ; une lumière perce l’obscurité, des portes métalliques s’ouvrent c’est Tobias le videur... Il lui adresse un sourire comme chaque soir. Elle le lui rend puis il engage la conversation.

- « Hey Chris ! Comment vas-tu ma belle ?

- Bonsoir Tobi ! Eh bien ça va ! et toi ?

- Super ! Je te préviens ce soir les clients sont chauds !

- Oh je vois, je vais faire de mon mieux pour les satisfaire.

- Ah sacrée Chris, c’est bien toi ! Toujours aussi perfectionniste avec la clientèle !

- Je sais ! Je vais me préparer sinon le patron va piquer sa crise !

- Oui c’est vrai il est de mauvaise humeur en ce moment !

- A plus Tobi !

- Salut Chris ! Bonne soirée… »

Elle se rend dans les loges ; des femmes peu vêtues s’agitent autour d’elle. Plus que quelques minutes avant le show !

Béa se maquille, du fard à paupières, du fond de teint, et un peu de gloss ; quant à ses cheveux, elle les cache sous une longue perruque blonde. Il ne lui reste plus qu’à s’habiller !

Elle choisit avec beaucoup de réflexion et soin sa tenue : ce soir, ce sera une petite robe framboise, des petites chaussures plates noires avec liens aux chevilles. Ce qu’elle cache, c’est un shorty noir et un soutien-gorge plutôt sexy de même couleur.

Elle regarde une dernière fois son reflet dans le miroir puis se dirige vers la scène…

Eh oui ! Béatrice Merkel se trouve actuellement dans un club de striptease. Elle s’est lancée dans cette activité depuis son divorce ; cela lui permet de compenser le manque affectif : sur scène, se déshabiller devant une centaine d’inconnus la comble. Elle aime être regardée, désirée comme toutes les femmes. Le temps d’une soirée, elle oublie ses soucis et son âge : elle n’est plus Béatrice banquière le jour mais juste Christiane une autre femme la nuit.

C’est son secret à elle ! Personne ne le sait ! Un double jeu …. Une double vie.

Chris monte sur scène ; elle n’a pas peur : ses clients, elle les connait ; ce sont tous plus au moins des habitués du club. Elle commence à se déhancher et joue avec ses mains : elle les fait glisser lentement sur les parties de son corps ! Elle aime attirer l’attention !

Les clients en redemandent ! Ils hurlent tous Chrisssss Chrisssss !!

Après quelques minutes, longues, très longues pour les clients, elle commence l’effeuillage. Fait tomber les bretelles de sa robe délicatement le long de ses bras, puis la laisse glisser sur le sol. Elle sent l’agitation autour d’elle, des hommes, des hommes frustrés et excités !

Elle poursuit son striptease, mais elle se trouve perturbée par le regard intense d’un homme au fond de la salle. Elle a reconnu son client… Mr Vladimir ! Il ne crie pas, il reste de marbre…

Il l’a reconnue, son secret est dévoilé.

Elle écourte son show et court jusqu’aux loges ignorant les cris des clients en colère.

Elle est en pleurs, honteuse de s’être dévêtue devant un homme dont elle n’est pas insensible au charme. « Quelle image va-t-il avoir de moi maintenant ? » pense-t-elle.

Troublée et désemparée, Béa se change, sort du club et elle se dirige vers le métro.

23h - Elle descend les escaliers l’amenant au métro ; il y a foule ce soir : fête de la musique oblige ! Béa tente de se frayer un chemin à travers les voyageurs ; elle s’approche enfin du quai. Il fait sombre, un homme joue de la guitare, d’autres font la manche.

Elle est impatiente de rentrer chez elle, d’oublier cette soirée. Le métro arrive ; des personnes en descendent ; les gens se bousculent. Elle se dirige vers le fond du wagon et elle sent alors un parfum délicat et enivrant qu’elle reconnaît… elle n’ose se détourner. Au bout de quelques minutes, son regard croise alors celui d’un jeune homme en costume-cravate. C’est lui, c’est vraiment la dernière personne qu’elle veut voir. Et pourtant il l’obsède… Mr Dimitri Vladimir.

Elle tente comme elle le peut de tourner légèrement le visage; elle comprend alors qu’il s’est rapproché tout près d’elle ! Cela ne la laisse pas indifférente.

Béa sent le souffle de Dimitri dans son cou. Des groupes de noctambules sont encore montés dans le métro et cela n’arrange rien, elle est de plus en plus serrée contre lui. Elle le sent derrière elle, qui la presse malgré lui.

L’idée de retrouver Dimitri pressé contre son fessier commence à l’exciter… Tout compte fait, la foule a aussi ses avantages. Chaque secousse du métro se répercute sur les mouvements de son bassin !

A quoi joue t-il ? Abuse-t-il de la situation ou n’est-il plus maître de lui ? Elle aussi a envie de jouer…

Elle a chaud, elle rougit, elle a honte mais l’excitation surpasse tout.

Tandis que l’homme continue de se coller à elle, le métro passe dans un long tunnel obscur. […]

Après tant d’émotions, Béa sort du métro essoufflée, mais heureuse. Pour une fois elle a apprécié le voyage ! Arrivée chez elle, elle se laisse tomber sur son canapé ! Quelle soirée !

Trois jours plus tard…

Béa se rend au travail comme tous les jours, elle ne cesse de penser à Dimitri ! Elle ne l’a pas revu depuis et le guette sans cesse dans le métro…

Elle passe devant un kiosque et achète le journal du jour ; après avoir survolé quelques pages elle s’arrête sur une photo d’un homme qui ne lui est pas inconnu.

Lisant l’article elle voit écrit en gros caractères :

« DIMITRIYOFE VLADIMIR : Psychopathe ? […] »

Béa n’y croit pas ; son client, son amant, serait un dangereux psychopathe recherché pour le meurtre de sa femme. D’après son entourage il n’aurait pas supporté leur divorce.

Bouleversée, elle se rend à la banque relisant encore l’article du journal ! Elle a succombé au charme de ce fou ? Non ! Celui qu’elle a rencontré était charmant, fascinant et mystérieux et l’espace d’un instant, il lui a permis de se sentir à nouveau femme !


LM - LS
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