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Surprise !

Nous sommes le vendredi 12 avril, il est sept heures trente, le réveil de Béatrice Merkel sonne. Elle se lève aussitôt, c’est la première fois qu’elle se lève si rapidement. Elle va dans la cuisine pour prendre son petit déjeuner, tout en écoutant la radio pour se détendre un peu avant d’aller travailler. Ce matin elle n’a pas très faim, elle se dirige dans la salle de bains pour faire sa toilette. Béatrice est une assez grande femme mince, très chic. Elle a de magnifiques cheveux bruns, elle se les attache soigneusement et ajoute un peu de maquillage sur son visage. Elle préfère avoir un maquillage léger et discret. Béa est prête.

Comme chaque matin, Béatrice préfère le métro à sa voiture pour aller travailler, elle trouve que cela va plus vite et elle n’aime pas attendre dans les embouteillages puis chercher une place pour se garer.

Aujourd’hui est un grand jour, car elle a un rendez-vous important avec un riche homme d’affaires. Elle arrive à son travail et elle attend son client en tournant en rond dans son bureau. Le stress commence à monter, elle se pose des questions, elle a peur de ne pas être à la hauteur. Elle vérifie qu’elle a bien tous les documents concernant le client et ceux de la banque. Tout est prêt, mais Béatrice est toujours aussi tourmentée, elle entend des pas qui se dirigent vers son bureau, elle essaye de se calmer, mais cela est difficile, elle a chaud. Quelqu’un frappe, elle se dirige vers la porte pour ouvrir : son nouveau client est arrivé. Elle lui fait signe de s’asseoir face à elle. Une fois qu’ils sont tous les deux installés, Béatrice commence à retrouver son calme. Elle se met à lui expliquer le fonctionnement de sa banque, la Caisse d’épargne. Elle lui indique les offres et les projets, dont il peut bénéficier en partenariat avec la banque, car celui-ci est directeur d’une chaîne de restaurants. Une fois que Béatrice a fini ses explications, il lui pose des questions, elle lui répond et le conseille. Il lui annonce alors qu’il accepte son offre. Béatrice connaît un moment de satisfaction, un léger sourire se marque sur son visage, mais elle fait tout pour garder son sérieux jusqu’au bout. Elle lui fait signer le contrat ainsi que tous les autres documents. A la fin du rendez-vous, elle raccompagne son nouveau client.

Une fois partie, Béatrice se rend à la salle de pause pour prendre un café, et là, ses collègues lui demandent comment son rendez-vous s’est déroulé. Quand ils voient le sourire de Béa ils comprennent aussitôt que tout s’est bien passé. Elle leur explique qu’elle a gagné un nouveau client important pour la banque ! Elle a du mal à retrouver son calme, elle est encore tout émue à l’idée de cette nouvelle.

La pause est terminée, elle retourne à son bureau. Elle s’assoit dans son fauteuil et s’amuse à tourner. Soudain, elle s’arrête net face à la fenêtre et voit son fiancé Bertrand avec une charmante jeune femme, grande et mince, vêtue d’un ample manteau noir. Elle s’approche de la fenêtre pour mieux regarder ce qui se passe entre la jeune femme et son fiancé. Ils discutent et rigolent ensemble, ils ont l’air de bien s’entendre. Béatrice se pose des questions. Elle veut savoir qui est cette demoiselle car elle ne la connaît pas, elle ne se souvient même pas l’avoir déjà vue. Elle veut mener son enquête pour comprendre ce qu’elle représente aux yeux de son fiancé. Elle a peur de ce qu’elle peut découvrir mais veut absolument savoir qui est cette femme.

Arrive l’heure de la pause déjeuner, elle se rend à la cafétéria avec ses collègues. Elle leur parle de ce qu’elle vient de voir, son fiancé avec une jeune femme. Ses collègues la rassurent, lui proposent d’en parler directement avec son compagnon avant qu’elle ne se fasse de mauvaises idées. Mais tout est très clair dans la tête de Béa, elle fera son enquête et ne suit pas les conseils de ses collègues. Il est l’heure de retourner travailler, elle monte à son bureau et jette un coup d’œil par la fenêtre pour voir si son fiancé est de nouveau en bas avec la jeune femme. Mais elle ne revoit aucun des deux. Elle continue son travail, tout en repensant à ce qu’elle a aperçu avant de déjeuner. Elle y pense tout l’après midi. Elle attend avec impatience l’heure de rentrer chez elle. Il ne lui reste plus que cins minutes, qu’elle passe à regarder la pendule. Les aiguilles indiquent qu’il est dix-sept heures, elle prend son manteau et se dépêche de sortir de son bureau.

A la sortie de sa banque, Bertrand l’attend, il a prévu de l’emmener au cinéma. Tous les deux s’organisent souvent des soirées : cinéma, Champs Elysées, Tour Eiffel… Ils sont dynamiques et aiment beaucoup sortir ; passer des journées entières devant la télévision ne les intéresse vraiment pas. Béatrice étonnée qu’il soit venu la rejoindre, alors que quelques heures auparavant elle avait cru l’apercevoir aux bras d’une autre femme, préfère ne pas en parler et profiter de ce moment au côté de son fiancé. Sur la route pour aller au cinéma, ils discutent pour savoir quel film ils iront voir ce soir. Bertrand aimerait un film sur la seconde guerre mondiale alors que Béatrice, elle, préfère un film sur une femme modèle dans le monde de la mode. Après avoir longuement débattu, Bertrand finit par céder, sa compagne de nature capricieuse, n’a pas voulu changer d’avis surtout après la scène qu’elle n’aurait jamais voulu voir dans la journée lorsqu’elle était à la banque.

Arrivée au cinéma, Béatrice essaye de se frayer un chemin parmi les gens qui font la queue, pour être sûre d’avoir ses places. Son compagnon l’attend un peu plus loin, il préfère éviter la foule et rester en retrait. En attendant de payer, Béatrice regarde Bertrand assis sur un siège à côté d’un distributeur. Il a l’air étrange, il regarde autour de lui comme s’il avait peur de croiser quelqu'un. Il finit par se lever, se dirige vers les toilettes, ouvre la porte, jette un dernier coup d’œil derrière lui et entre. Béatrice ne comprend pas ce qui se passe et ne veut pas laisser sa place pour aller faire la curieuse, au risque de devoir faire de nouveau la queue. Quand arrive son tour au guichet, elle demande les deux places, paye le montant demandé et prend les deux tickets. Elle se dirige vers le siège où était assis Bertrand lorsqu’il surgit des toilettes, toujours avec cet air de chercher quelqu’un du regard .

-« Qu’est ce qu’il t’arrive ? Pourquoi fais-tu cette tête ? » lui demande Béatrice.

-« Rien, j’ai cru voir un ami entrer dans les toilettes, j’y suis allé mais je ne l’ai pas vu. Pourtant j’étais persuadé que c’était lui, c’est bizarre… », répond Bertrand

-« C’est plutôt toi qui es bizarre en réagissant comme ça, on aurait plutôt l’impression que tu cherches à éviter quelqu'un… »

Bertrand la regarde, l’air intrigué.

-« Non pourquoi dis tu ça ? Qui veux-tu que j’évite ? »

-« Ça, c’est à toi de me le dire. » répond tout bas Béatrice.

Bertrand fait semblant de ne pas entendre. Béatrice bout à l’intérieur d’elle-même et n’a qu’une envie, lui parler de ce qu’elle a vu dans la journée. Mais elle ne se sent pas à l’aise et n’a pas envie de se faire remarquer devant tout le monde avec une scène de ménage.

La salle de cinéma ouvre, ils vont s’asseoir au fond. Bertrand commence à lui raconter sa journée, c’est quasiment tous les jours le même récit. Béatrice s’attend à ce qu’il lui dise qu’aujourd’hui il est passé devant sa banque, mais il n’en parle pas et lui dit qu’il est resté toute la journée au bureau.

-« Tu as passé toute la journée au bureau ? Tu n’es même pas sorti prendre une pause ? » questionne Béatrice.

-« Non, il ne faisait pas très beau et j’avais beaucoup de travail. » répond Bertrand.

-« Pourtant j’aurais juré te voir passer devant ma banque, avec une collègue ou je ne sais qui… » dit- elle.

-« Hein ? Ah… Bien sûr que non, je ne passe jamais devant ta banque c’est loin de mon bureau, et pourquoi veux-tu que je sois avec une femme ? » demande Bertrand d’un air gêné.

-« Mais je ne sais pas ! Je te dis juste que j’ai cru te voir passer devant ma banque cet après midi. Ne te justifie pas comme si tu avais quelque chose à te reprocher ! » s’énerve Béatrice.

-« Je ne me justifie pas, mais je ne suis pas passé devant ta banque, tu as cru que c’était moi, mais c’était sans doute quelqu'un qui me ressemblait. » dit-il.

-« Oui c’est sûrement ça, je n’ai pas dit le contraire. Tu t’affoles tout seul, tu te vends tout seul ! »

Bertrand préfère ne rien dire. Béatrice en a assez de cette ambiance, elle a vraiment l’impression que son compagnon lui cache quelque chose. En attendant que le film commence, ils ne décrochent pas un mot. Bertrand regarde son agenda avec ses rendez vous, Béatrice observe les gens qui entrent dans la salle. Elle n’arrive pas à s’enlever de la tête l’image de son fiancé dans les bras d’une autre femme et l’idée qu’il puisse la tromper la rend folle.

Tout à coup, elle sursaute. Bertrand ne remarque rien, mais Béatrice vient de voir une femme entrer dans la salle. Son visage lui parait familier. Elle se demande si ce n’est pas la même femme aperçue avec Bertrand dans l’après midi. Elle était grande, brune avec de grands yeux bleus. C’est une femme qu’un homme ne peut pas ne pas remarquer. Elle a sûrement la trentaine, pas encore quarante ans. Elle porte un long manteau noir qui descend jusqu’aux mollets et qui laissent voir des bottes pointues à talons très hauts. Elle arbore de nombreux bijoux dorés et ses longs cheveux noirs, ondulés, cachent en partie de grands anneaux également dorés. Elle est seule, elle ne semble pas trop savoir pourquoi elle est là. Elle regarde autour d’elle, semble chercher quelqu'un du regard et finit par s’asseoir.

Béatrice trouve cette femme magnifique ; si elle devait changer de physique, elle aimerait ressembler à cette inconnue. Elle incarne la femme parfaite, dynamique et élégante. La jeune femme tourne la tête en direction de Bertrand. Béatrice fait mine de regarder dans le vide mais observe la femme en noir. « Mais qui est cette femme ? » se dit-elle. « Pourquoi regarde-t-elle Bertrand avec autant d’insistance ? Et lui, qu’est ce qu’il me cache ? » La jeune femme change de place, elle se rapproche d’eux, en fixant toujours Bertrand du regard. Celui-ci observe toujours son agenda et griffonne quelques notes.

-« Qu’est ce que tu écris ? » demande Béatrice.

-« Demain j’ai une réunion et je note deux trois choses importantes à ne pas oublier quand je présenterai mon nouveau projet. » répond Bertrand très serein, cette fois.

-« C’est quoi ton nouveau projet ? »

-« C’est un complexe sportif que l’on doit refaire, on va le détruire pour en reconstruire un nouveau beaucoup plus grand et amélioré. »

-« Ah c’est bien. Tu ne m’en avais pas parlé de ce projet ? » questionne Béatrice.

-« Bien sûr que non, tu ne me poses jamais de questions sur mes projets, je te raconte ma journée et ça s’arrête là, tu ne me demandes jamais rien. Je vais finir par croire que tu ne t’intéresses pas à moi. » répond Bertrand.

-« Et toi si tu ne me cachais pas tant de choses, le dialogue serait sûrement plus facile entre nous deux. » rétorque Béatrice.

-« Mais qu’est ce qui t’arrive ? Pourquoi tu me suspectes comme ça ? Dis-moi ce que tu as sur le cœur une bonne fois pour toutes qu’on en finisse ! » s’énerve Bertrand.

Béatrice, surprise de la réaction de son fiancé, en a le souffle coupé et ne sait plus quoi dire. Plus rien ne sort de sa bouche, elle ne peut plus réfléchir, seules les paroles de Bertrand résonnent. Pourtant elle a tant à lui dire, c’est frustrant. Elle réalise que c’est à cause d’elle que le dialogue entre eux deux s’est peu à peu fermé. Elle se retient toujours de dire ce qu’elle pense, de peur de dire une parole déplacée mais aujourd’hui il faut qu’elle lui parle absolument et elle en est incapable.

Bertrand en voyant qu’elle ne répond rien, tourne la tête et son regard croise celui de la jeune femme en noir. Il a l’air surpris et apeuré en la voyant. Béatrice observe la scène. La jeune femme en noir fait un léger sourire à Bertrand, tandis que lui, ne laisse rien paraître. Béatrice ne comprend vraiment rien à ce qui se passe et aucun mot ne lui vient pour parler à son fiancé.

Le film commence. Béatrice essaye de se concentrer sur l’histoire et d’oublier tout ce qu’elle a vu aujourd’hui, elle a envie de se détendre et de penser à autre chose. Bertrand lui ne regarde plus la jeune femme au grand soulagement de sa fiancée.

Béatrice a beaucoup de mal à suivre le film : il raconte la vie d’une jeune femme magnifique, sans soucis, riche et heureuse, qui travaille dans une grande maison de couture. Un film qu’elle trouve bien loin de la réalité, surtout dans des moments comme ceux-là…

Béatrice finit par s’assoupir sur l’épaule de Bertrand, fatiguée de sa journée et de toutes ces émotions, elle est exténuée et ne peut s’empêcher de fermer l’oeil.

Elle sent sur son visage des petites caresses et un bras qui la secoue légèrement pour la réveiller. Elle ouvre les yeux, aveuglée par une forte lumière, elle lève la tête et regarde Bertrand.

-« Le film est fini. » dit Bertrand d’une voix douce.

-« Ah bon ? Déjà ? Mais je n’ai quasiment rien vu … » répond Béatrice.

Elle regarde autour d’elle et remarque que la jeune femme en noir est accompagnée cette fois d’un homme très élégant. Ils n’ont pas l’air très proches, ce n’est sûrement pas son fiancé, ce doit être juste un ami. Bertrand prend Béatrice par la main et se dirige vers la sortie, ils marchent tous les deux sans se parler, et rentrent à leur appartement à quelques mètres du cinéma.

En entrant chez elle, Béatrice file dans sa chambre se coucher, laissant Bertrand seul devant la télévision.

Le lendemain Béatrice est sortie brutalement de son sommeil par le bruit strident de son affreux réveil. Elle était en plein cauchemar, son fiancé lui annonçait qu’il préférait rompre, il avait rencontré une autre jeune femme dont il était tombé éperdument amoureux. « La journée commence bien » se dit Béatrice d’un ton ironique ! Elle se lève, va dans sa salle de bains se préparer, ressort au bout d’une demi-heure, habillée, maquillée et coiffée. Elle se rend dans la cuisine, Bertrand est juste levé, il boit son café en lisant le journal. Béatrice lui fait un bisou sur la joue, elle s’assoit en face de lui, verse du café dans son bol, en mangeant la tartine de beurre que son fiancé lui a préparée.

-« Tu as bien dormi ? » demande Béatrice pour engager la conversation.

-« Oui, plutôt bien, et toi ? » répond Bertrand.

-« Pas vraiment, j’ai fait un cauchemar. »

Bertrand ne dit rien, il reste silencieux, concentré sur son journal. Béatrice a le sentiment qu’il se moque un peu de son cauchemar, elle finit son café, prend son sac, sort de la cuisine en s’adressant à Bertrand : « Bonne journée, à ce soir ». Elle sort de son appartement, court dans la rue pour ne pas rater le métro. Une fois assise dans le train, elle remarque une tache blanche de dentifrice sur son nouveau pantalon très à la mode qu’elle a acheté quelques jours auparavant. Elle se dit que ce n’est sûrement pas sa journée mais qu’au moins la tâche est assortie à son chemisier.

Le métro s’arrête, elle descend, marche jusqu’à sa banque. Elle ouvre la porte et est accueillie par le directeur de l’établissement qui la félicite pour son rendez-vous de la veille. Elle se dirige vers son bureau, s’installe dans son immense fauteuil en cuir, allume son ordinateur et consulte ses mails. Rien de très intéressant, de la publicité et quelques nouvelles de ses amies habitant la région parisienne qu’elle n’a pas vues depuis plusieurs semaines. Elle consulte les dossiers de ses clients et les remet à jour. Elle n’aime pas beaucoup ces journées où elle n’a pas vraiment de travail important à faire. Elle préfère quand son patron lui confie des clients de la plus haute importance.

La journée passe doucement, Béatrice va de son bureau à la machine à café en échangeant quelques mots avec ses collègues. Il est dix-sept heures, l’heure pour elle de rentrer à la maison. Elle sait que si elle regagne son appartement, elle sera seule, Bertrand ne rentrera pas avant dix-neuf heures, le temps pour elle de fouiller dans ses affaires. Elle sort de son bureau, court vers le métro pour arriver le plus tôt chez elle. Le long du trajet, elle s’imagine en train de fouiller dans les poches de son fiancé, trouvant tout un tas de petits papiers avec des numéros inscrits dessus, des photos de lui avec d’autres femmes et des lettres cachées. Elle essaye de se persuader qu’elle ne trouvera rien, pourtant un sentiment de peur l’envahit… Et si Bertrand la trompait ?

Arrivée chez elle, elle monte les escaliers à grande vitesse. Une fois dans son appartement, elle pose ses affaires sur la table du salon, se dirige vers sa chambre et commence par les tiroirs de la table de nuit de Bertrand. Mis à part des somnifères et des livres policiers, elle ne trouve rien d’autre. Elle ouvre la grande armoire, où ils rangent tous leurs vêtements, elle fouille les poches des vestes et des pantalons de son fiancé, sans trouver de petits mots… D’un côté elle se sent soulagée mais de l’autre, elle est déçue, car elle ne sait toujours pas qui est cette femme inconnue et elle a bien peur de ne pas le découvrir.

La dernière solution qui lui reste est de chercher des pistes dans l’ordinateur. Elle a le pressentiment que c’est là qu’elle trouvera des réponses. D’une main tremblante, elle allume l’ordinateur, ouvre la session de Bertrand. Elle respire un grand coup et ouvre son dossier « documents ». Elle trouve d’abord des fichiers Publisher, ce sont des invitations pour un anniversaire, le nom de la personne et le lieu ne sont pas encore précisés, les invitations ne sont pas finies, mais dans quelques mois c’est l’anniversaire de Béatrice. « C’est sûrement une pure coïncidence » se dit-elle. Puis elle trouve un dossier photos renommé « Catherine », Béatrice pense tout de suite à cette mystérieuse femme en noir qu’elle a vue lorsqu’elle était à la banque et au cinéma. Elle clique sur le dossier, plus inquiète que jamais, elle ouvre les photos et reconnaît la jeune femme aperçue avec Bertrand ! Béatrice ne sait plus quoi penser, elle se sent perdue et trompée. Elle regarde alors les autres photos, elle n’en croit pas ses yeux, il y a des photos d’elle-même lorsqu’elle était enfant avec une autre petite fille : elle reconnaît alors sa grande copine d’école, Catherine, ensemble elles ont fait les 400 coups. Elles se sont perdu de vue lorsque Béatrice est allée au lycée.

« Pourquoi ne l’ai-je pas reconnue plus tôt ? Comment ai-je pu croire que Bertrand me trompait avec elle ? Et puis ça ne me dit toujours pas pourquoi il a pris contact avec Catherine… » Elle consulte donc la page des mails de son ami, il y en a plusieurs de Catherine, elle lit le premier :

« Cher Bertrand, j’ai bien reçu ton mail, je serais ravie de venir à l’anniversaire surprise de ma tendre amie Béatrice, cela fait des années que je ne l’ai pas vue, je ne sais même pas ce qu’elle devient. Ma présence à son anniversaire sera notre secret. A très bientôt, amicalement. Catherine. »

Béatrice n’en croit pas ses yeux. Son fiancé lui préparait le plus bel anniversaire qu’elle n’ait jamais eu : c’était bien son souhait le plus cher d’avoir sa famille et ses amis réunis pour ses cinquante ans !

Pour une fois que son rêve pouvait se réaliser, elle gâche tout à cause de sa curiosité et de sa jalousie. Elle s’en veut tant de s’être disputée hier soir avec Bertrand et de lui avoir fait des reproches. La meilleure chose qu’elle puisse faire, c’est encore de réagir comme si elle n’avait rien découvert et préparer un bon petit dîner pour son fiancé lorsqu’il rentrera. Et surtout, la prochaine fois, elle pensera à être moins curieuse…


CM - SG
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