_______________

Un cambriolage

Tous les matins, en allant travailler, je passe à la boulangerie du coin pour acheter un pain au chocolat, ensuite chez le marchand de journaux qui est à côté, pour acheter le journal. Ce sont mes habitudes.

Quand j’arrive au travail, je bois un café avec mes collègues, on parle de notre soirée, de ce que l’on va faire ce week-end, de leurs familles, cela me gêne un peu car je viens de divorcer et je n’ai pas d’enfants. Ma vie sentimentale a été un échec et je me dis que ce n’est pas à quarante-sept ans que j’aurai des enfants. Enfin je m’installe à mon bureau, à propos, je suis conseillère clientèle d’une banque, j’aime beaucoup mon métier, être en relation avec les gens, leur parler ; souvent ils me demandent d’où vient mon accent et je leur réponds que ma langue maternelle n’est pas le français, mais que je suis d’origine allemande.

Dix-sept heures, ma journée est terminée, je rentre chez moi, j’habite le 13e arrondissement vers la place d’Italie, je m’arrête à la fontaine, je m’assois et je jette du pain aux pigeons. En rentrant chez moi, je me sens suivie, je me retourne plusieurs fois, discrètement puis subitement, mais je ne vois personne, je continue à marcher et arrivée chez moi je m’enferme à double tour. Je me dis que c’est n’importe quoi, que je me fais peur alors qu’il n’y a pas lieu.

Je fais mon ménage, je monte prendre ma douche et je me mets dans mon canapé à regarder la télé. Vers dix-neuf heures, je mets une pizza à chauffer dans le four, puis je retourne dans le canapé en attendant qu’elle chauffe, c’est ce que je fais tous les soirs. Le four sonne, c’est que la pizza est prête, je vais la chercher et je mange sur le canapé, je sais ce n’est pas très bien mais qui ne l’a jamais fait !

Vers ving-et-une heures je monte me coucher, avant de dormir je fais toujours un peu de lecture environ une heure, et après je m’endors.

Dans la nuit, je me réveille subitement, j’entends des bruits.

Subitement, j’entends comme le bruit d’un carreau que l’on casse. Je n’ose pas me lever de mon lit, j’ai peur, qu’est-ce que cela peut bien être ? Un voleur ? Je prends mon courage à deux mains, je sors de mon lit, je mets mes chaussons et enfile ma robe de chambre, je cherche un objet avec lequel je peux me défendre. Tiens, un bougeoir, non, ce n'est pas une bonne idée, une batte de baseball, oui c’est bien, ça appartenait à mon ex-mari. Je descends les escaliers tout doucement pour ne pas faire de bruit, je suis terrifiée.

Et qu’est-ce que je vois ? Un homme cagoulé, il faut que j’appelle la police... mais comment faire mon portable est en bas dans mon sac à main. J’espère qu’il ne va pas monter mais s’il montait je pourrais aller téléphoner, oui, il faudrait que je l’attire en haut, il faut que je cherche une idée, je sais, je fais tomber un objet de façon à ce qu’il l’entende et vienne voir de quoi il s’agit, et je me cache derrière la porte.

Quand je l’entends monter, je me prépare à le frapper avec ma batte de baseball, le voilà, chut ! Mon cœur bat de plus en plus fort, si fort que j’ai l’impression qu’il va sortir de ma poitrine. Il rentre dans ma chambre, je lève ma batte et je tape aussi fort que possible une fois puis deux jusqu’à ce qu’il tombe par terre, je ne sais même plus s’il a essayé de se défendre et combien de fois je l’ai frappé. Je l’ai assommé.

Le voilà par terre, il ne bouge plus, je crois l’avoir tué, je prends son pouls au poignet, non heureusement, il respire, j’enlève sa cagoule doucement pour qu’il ne reprenne pas conscience, je veux savoir qui est cet homme. Mais… c’est… Hugues, mon ex-mari ! Je l’attache aux pieds de mon lit, mais je ne sais pas quoi faire, soit j’appelle la police, soit j’attends qu’il reprenne conscience et je lui demande des explications, non, la meilleure solution c’est d’appeler la police.
Je prends mon portable et je compose le numéro de la gendarmerie, je leur explique qu’il y a une personne qui s’est introduite chez moi, que je l’ai assommée et qu’elle est en ce moment attachée à mon lit, le gendarme me dit qu’il m’envoie tout de suite une voiture.

En attendant la police, je remonte en haut près de mon ex-mari et j’essaie de lui faire reprendre conscience pour comprendre pourquoi il voulait me cambrioler, je lui passe de l’eau sur le visage, il reprend ses esprits petit à petit.

Je lui donne un verre d’eau, enfin la police arrive, je cours les chercher et je les fais monter, je leur dis que c’est le cambrioleur et que c’est aussi mon ex-mari.

Ils l’emmènent au poste de police. Le lendemain, je suis convoquée au commissariat pour porter plainte, je leur explique ce qui s’est passé cette nuit et ils enregistrent ma déposition.

Le lendemain, je ne vais pas au travail, je téléphone à ma banque et je leur explique ce qu’il s’est passé. Je vais au commissariat vers dix heures le matin et le commissaire m’accueille gentiment, il me demande comment je vais, si je veux un café, il me demande de m’asseoir et de lui réexpliquer ce qui s’est passé, il compare avec les éléments que je lui ai donnés la veille alors que j’étais un peu sous le choc.

Il me demande si je veux parler avec mon ex-mari, je lui réponds que oui car je veux savoir la raison de son acte.

Il m’emmène dans une salle où je peux m’entretenir avec Hugues mais sous surveillance.

Je lui demande : « Mais pourquoi as-tu fais cela ? ». Il ne me répond pas, il n’ose même pas me regarder dans les yeux, je ne sais pas quoi lui dire, je veux juste savoir ce qui l’a poussé à faire ce cambriolage mais sans réponse, je crois que je ne saurai jamais la vérité.

AP
2008 Ecrire avec, lire pour@Droits réservés