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Surprenantes retrouvailles

Nous sommes le 16 mars dans l’après midi. Le ciel est beau et bleu. Béatrice Merkel, une femme de quarante-cinq ans, vêtue d’un chemisier blanc, d’un pantalon de tailleur et d’escarpins, vient d’appeler sa demi-sœur Léa, née d’un autre mariage du même père, longtemps après le décès de la mère de Béa. A l’origine, Léa habite 116 boulevard de Clichy.

Mais depuis déjà trois mois, Léa séjourne au Maroc pour tourner un film. Béatrice annonce à sa sœur qu’à peine divorcé, son ex-mari, Philippe est décédé dans un attentat : il se trouvait à New-York dans les locaux du World Trade Center le 11 septembre. Sa sœur elle, lui dit qu’elle ne rentrera pas de si tôt car le film a du retard mais surtout, elle vient de se marier ! Béatrice est étonnée par ce que vient de lui apprendre sa sœur mais raccroche sans faire de commentaires sur ce mariage précipité….

Pour se changer les idées, Béa appelle sa meilleure amie Katia, d’origine russe et qui habite en France depuis vingt-cinq ans, pour passer l’après-midi au cinéma. Katia accepte et Béatrice passe la chercher au 36 avenue Mozart avec sa voiture, une belle Audi noire. Elle s’arrête devant l’appartement de son amie et klaxonne. Katia la rejoint, radieuse.

Durant le trajet vers le cinéma, elles parlent de tout et de rien comme si elles ne s’étaient pas vues depuis longtemps. Une fois dans le hall du cinéma Katia va chercher les places pendant que Béa remarque qu’un homme mystérieux, en habits sombres, la regarde avec insistance. Katia rejoint Béatrice et, elles entrent dans la salle. A la fin de la séance Béatrice remarque que l’homme qui se trouve dans le hall est dans la même salle qu’elles. Alors, elle demande à Katia de se dépêcher de sortir.

Béa dépose Katia devant son appartement et elles se donnent rendez vous dans la soirée pour sortir avec d’autres amis. Béatrice rentre chez elle, dépose ses clés sur la table, pose son sac sur la chaise, enlève son manteau, ses escarpins, se dirige vers la salle de bains, fait couler l’eau dans la baignoire, attache ses longs cheveux noirs, met de la musique, se déshabille, et entre dans son bain. Après s’être lavée, elle se repose en restant dans l’eau. Une heure plus tard, elle sort du bain, s’essuie, s’habille et se maquille. Elle se sent belle ; cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien.

Quand arrive l’heure de partir, elle prend son manteau, son sac, ses clés, sort de l’appartement, ferme la porte et prend sa voiture pour récupérer Katia chez elle. Katia descend et elles rejoignent leurs amis qui les attendent devant le restaurant. Ils se disent bonjour et entrent dans l’établissement.

Un serveur bien aimable donne les menus, annonce celui du jour, propose un apéritif. Katia prend un kir cassis, Béa un monaco, leur amie Sandra un sirop de fraise et leurs copains des bières, comme si c’était la seule boisson réservée aux hommes !

C’est alors qu’une discussion animée débute ; les quatre hommes critiquent l’avis de Katia et Sandra : ils ne sont pas d’accord sur le fait que les bières sont bues principalement par des hommes. Béa elle, reste muette pratiquement toute la soirée et repense à cet homme mystérieux du cinéma. Le repas commence. Tous ont pris le même menu : une salade de gésiers, du riz cantonais avec des nems et en dessert une énorme mousse au chocolat.

Béatrice ne prononce toujours aucun mot. Sandra et Katia chuchotent pour se dire que la soirée n’aurait en rien été changée si Béa n’avait pas été avec eux. La fin du repas arrive et ils décident de poursuivre la soirée dans une discothèque. Béatrice ne veut pas y aller, elle rentre chez elle sans prévenir Katia alors qu’elles sont arrivées ensemble. Katia est déçue par le comportement de Béa, étrange depuis le début de l’après midi.

Béa rentre se coucher, elle passe une nuit très longue, elle n’arrive pas à dormir, elle se tracasse à cause de l’homme qui l’observait. Le lendemain, elle prend son petit déjeuner et surtout un grand verre de jus d’orange pour bien se réveiller. Elle n’a vraiment pas bien dormi. Elle rentre dans la salle de bains, se déshabille et passe sous la douche. Puis, elle se prépare pour aller rejoindre son bureau à la banque. Son patron lui a laissé une bonne dizaine de dossiers à travailler. Quand elle entre dans son bureau et qu’elle voit tous ces dossiers, elle repense à la mauvaise nuit qu’elle vient de passer et se dit que la journée ne fait que commencer, entre les demandes d’emprunts et les refus, elle ne s’en sortira pas. L’heure du repas arrive, Béa n’a aucune envie de manger ; tout ce qu’elle veut, c’est rentrer chez elle pour retourner se coucher. L’après-midi passe, et vient l’heure de la débauche, elle sort de son bureau, descend dans le hall de la banque, et là, droit devant elle, se trouve cet homme qu’elle a déjà rencontré. Elle accélère le pas, prend sa voiture, rentre chez elle, et s’affale sur son lit tellement elle est inquiète et fatiguée.

Elle s’endort et rapidement se met à rêver. Elle commence à apercevoir cet homme, de loin, sans trop savoir pourquoi. Elle se demande comment elle connaît cette silhouette. Son rêve se poursuit, elle revoit d’anciens moments passés lorsqu’elle était encore mariée. Ces derniers jours, elle pense souvent à son ex-mari surtout depuis qu’elle a appris qu’il avait été tué.

Le lendemain, elle se réveille tard en ayant la sensation d’avoir fait une erreur en divorçant, elle sort de son lit, se prépare pour aller embaucher. Elle quitte son appartement. Cette fois-ci, elle ne prend pas sa voiture pour aller travailler, elle part à pieds. Perdue dans ses pensées, elle percute une personne et laisse tomber son sac ; toutes ses affaires sont éparpillées. Elle s’excuse en ramassant son sac. Puis, elle se relève et voit « l’homme du cinéma » aux bras de sa sœur Léa rentrée plus tôt que prévu du Maroc pour lui rendre visite.

Choquée, elle ne dit plus rien et se demande pourquoi cet homme ressemble tant à son ex-mari. Question sans réponse. Après cette rencontre, elle ne peut plus aller travailler et invite le couple à prendre le café pour comprendre ce que tous deux font ensemble.

C’est l’homme qui s’exprime. Il dit à Béa qu’il la connaît bien, qu’ils ont vécu ensemble avant de divorcer… Béa et Léa chancellent. Comment est-ce possible ?

Après l’attentat, vivant mais défiguré, il a subi une intervention chirurgicale et est parti se reposer au Maroc où il a retrouvé, par hasard, sa belle-sœur dont il est tombé amoureux… Il ne lui a pas révélé sa véritable identité et l’a épousée… un mariage folklorique… Les deux femmes comprennent alors qu’elles aiment le même homme, l’homme aux deux visages.


AG
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