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Le marchand ambulant

« Qui veut mes bijoux ? Pas chers les bijoux ! »

Je pensai aux gens qui allaient se faire arnaquer et continuai.

« De beaux bijoux provenant d’Egypte ! Un prix exceptionnel ! »

Les gens sont vraiment naïfs. « Tiens, voilà une femme tout à fait charmante, me dis-je, je vais essayer de lui en vendre un. »

« Vous cherchez quelque chose de particulier ? »

La femme me regarda et rougit.

- Je regarde juste. Ils sont magnifiques ! dit-elle.

- Ils viennent d’Egypte, dis-je.

- Vous aussi, vous avez une belle bague. Elle vient aussi d’Egypte ?

- Oui, je l’ai achetée lors de mon dernier voyage. C’est une bague que j’ai trouvée en faisant des fouilles. C’est un scarabée bleu avec des reflets dorés.

- Oh, comme c’est passionnant. Tiens, cette bague m’a tapé dans l’œil. Je vais vous la prendre ! Dit la femme.

- Vous avez fait le bon choix, c’est une bague qui vous portera bonheur, dis-je.

- Il fait beau aujourd’hui, n’est-ce pas ? Vous devez avoir beaucoup de monde !

- Oh, oui, vous savez, les gens vont au marché dès qu’il fait beau ! Vous n’êtes pas une exception !

- Oh ! Même quand il pleut, je vais au marché, comment voulez-vous que je mange sinon ?

Mince elle s’emporte, elle a un bon caractère cette femme-là, c’est peut-être la bonne, pensais-je.

- Dites -moi, vous avez un petit accent, vous venez d’où ?

- D’Allemagne ! Il est si horrible mon accent ? Pourtant, je fais tout pour le perdre, dit-elle démoralisée. Vous savez, je suis conseillère clientèle dans la banque de la ville alors les gens ne me comprennent pas tous et mes patrons veulent que j’améliore ma langue ! ».

Elle en a presque les larmes aux yeux… mais elle est conseillère clientèle dans une banque ! Voilà mon prochain boulot ! me dis-je.

- Ma pauvre dame, vous êtes bien courageuse d’être venue en France, mais pourquoi êtes-vous venue ?

- Oh, vous savez, moi je suis une femme de droite et l’Allemagne, ce n’est pas trop mon truc ! dit-elle.

Elle est la personne parfaite, naïve et déprimée, ça risque de se dérouler à merveille.

« Et comment vous appelez-vous ? Lui demandai-je.

- Béatrice, Béatrice Merkel, et vous ?

- Bruno Langlais, dis-je.

Dring, Dring…

- Oh excusez-moi, mais j’ai mon portable qui sonne, c’est un coup de fil important, il faut que j’y aille, au revoir, dit elle.

- A bientôt. »

Et voilà qu’une autre cliente arrive. Et ainsi de suite jusqu’à la fin de la journée, je préfère vous épargner les détails, ce n’est pas très intéressant.

Me voilà enfin arrivé chez moi. Je vais pouvoir mettre mon plan à exécution. Je vous explique : demain, à douze heures quarante-cinq, je cambriolerai la banque, rue des Hortensias, lors de la pause déjeuner de Béatrice Merkel. J’entrerai par la porte réservée aux employés, qui reste souvent ouverte à la pause déjeuner. Je serai habillé en noir, avec des chaussures qui ne font pas de bruit, une cagoule, et bien sûr, mon revolver.

Tout cela m’a fatigué, je vais aller me coucher.


***

J’ai mal dormi cette nuit. Je sentais l’heure de ce braquage arriver et cela me stressait. Et si je me faisais prendre ? Que se passerait-il ? Ah ! Ces doutes qui m’envahissent ! Il faut absolument que j’aille voir à cette banque, que je me prépare, que je finisse les derniers détails, que mon revolver soit chargé ! Ah ! Tant de choses à faire ! Mais il me faut de l’argent, coûte que coûte ! J’ai besoin d’argent sinon on va me saisir ma maison ! Non ! Pas question qu’il touche à mon bijou, mon trésor ! Il faut que je dévalise cette banque ! Personne ne pourra m’en empêcher !!!

Sur le chemin pour aller à cette banque, mon esprit se torture, il se bouleverse, se contredit. Enfin j’arrive, dernier repérage. Béatrice Merkel, la femme du marché, m’accueille et me demande ce que je cherche. Je lui demande si mon compte est encore à découvert. Elle me répond qu’il est plus vide que jamais. J’en profite pour vérifier où sont les caméras de surveillance et retourne chez moi.

Il est midi. La pendule sonne douze coups. Je m’installe dans la voiture, vérifie que tout est là et pars. Le stress commence à monter. Je me gare correctement sur le petit parking. Je descends furtivement et me glisse à l’intérieur de la banque.

Devant les guichets : deux employées, je les prends en otage et leur ordonne de m’ouvrir en les intimidant avec mon revolver. Les deux femmes m’ouvrent sagement le coffre, et là, des merveilles m’éblouissent. Mais pas le temps de rêver, je prends tous les billets et m’en vais s’en tarder. Je rentre expressément dans ma voiture et m’en vais au quart de tour. Enfin arrivé chez moi, je compte et recompte la somme du braquage et explose de joie ! J’avais plus de cent millions d’euro ! J’allais enfin pouvoir vivre ! Quel bonheur ! Pourvu qu’on ne me soupçonne pas ! Mais non ce n’est pas possible, je portais un masque, pensais-je.


***


Cette nuit-là, je dormai profondément, soulagé, content de ce que j’avais fait. Ce matin, en allant chercher le pain, j’achète le journal. Et là stupeur ! Il y a un article sur un cambriolage produit à la banque du 13e arrondissement :


Cambriolage à l’arme à feu dans le 13e

Hier, aux alentours de 13 heures, un cambrioleur s’est introduit dans la banque du 13e arrondissement de Paris. En menaçant deux employées, le braqueur à réussi à s’emparer de plus de 100 millions d’euro. Grâce à une caméra de surveillance, une des employées a reconnu le braqueur à cause d’un de ses bijoux en forme de scarabée. Un portrait robot a été effectué et le voleur sera bientôt trouvé et jugé.

Malheureusement, la banque risque de faire faillite et les employés vont probablement se retrouver au chômage.



OC, ZC, AF
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