_______________
le Fresne 2nde A
le Fresne 2nde A

Une vie de chien

Comme tous les matins, je me lève à six heures trente pour aller travailler. J’habite le 13e arrondissement de Paris. Je me prépare, puis prends la voiture. En chemin, je regarde un petit chien qui me fait penser à mon ancien : Vivaldy, je l’avais adopté à la SPA, lorsque je cherchais un petit compagnon. Je le revois encore… assis dans sa petite cage… me regardant avec ses doux yeux sombres… il me fit craquer ! Le dirigeant m’annonçait alors que Vivaldy avait déjà travaillé avec la police, mais qu’il cachait en lui un sentiment comme un secret introuvable… Je lui répondis que c’était ce chien-là, oui… celui-là que je désirais ! Le lendemain, mon chien dormait tranquillement au pied du lit.Ma première journée avec lui fut terrible ! J’étais partie travailler à la banque, en laissant mon chien tout seul à la maison. Quelle erreur ! Le soir, quand je suis rentrée… je n’avais jamais vu la maison dans un tel débarras. Sur les meubles, on distinguait clairement des traces de griffes, des morceaux de bois sur le sol, les rideaux déchirés, le bocal à poisson vide… je n’osais imaginer où était rendu Maurice, la tapisserie déchiquetée, les armoires à moitié démontées… et le chien qui vint me faire la fête quand je suis rentrée du travail, me posant ses deux grosses pattes sur le ventre ! Quelle terreur ! Je poussai un long soupir ne sachant que faire.La première chose qui était à prévoir, c’était bien de refaire la maison, sans laisser le chien à l’intérieur, bien sûr ! La deuxième chose, c’était que je sois toujours et toujours avec Vivaldy, même à la banque.Je pris le collier et la laisse pour me rendre directement chez Leroy Merlin. J’ai bien cru que j’allais dévaliser tout le magasin !Après quelques jours de travaux dans la maison, je retournai travailler à la banque avec Vivaldy. Au premier abord, le directeur ne voulut pas du chien dans l’établissement, mais je lui expliquai la cause de sa présence. Finalement, il le laissa entrer et m’avertit qu’il n’avait pas intérêt à déranger la clientèle et les collègues de travail. Ce que je comprenais tout à fait.Depuis que j’étais avec lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le chien ne bougeait plus et ne faisait plus aucune bêtise. Martine, ma collègue de travail, l’appréciait beaucoup. Elle l’aimait bien mon petit berger allemand et les clients le trouvait très divertissant.Quatre mois plus tardUne journée affreuse… Non ! Pas à cause de Vivaldy, lui, heureusement s’était montré très calme. Je viens de perdre Martine, lors d’un cambriolage… Une balle dans le cœur, elle est morte sur le coup. Une enquête a débuté pour retrouver le cambrioleur qui a réussi à partir avec une belle somme. La police m’interrogea et me posa plusieurs questions banales :« Etiez-vous là lors du braquage ?- Oui, j’étais à côté de Martine, avec mon chien.- Savez-vous pourquoi le cambrioleur a tiré ?- Eh bien, en fait, j’ai vu Martine qui a essayé d’appuyer sur l’alarme et à ce moment-là, le cambrioleur a tiré.- OK, votre chien avait-il un comportement instable ?- Instable, je ne sais pas vraiment, mais il est resté calme malgré ses grognements.- Hum, hum… Ne serait-il pas un ancien chien policier ? Où l’avez-vous acheté ?- Ah, mais oui ! bien sûr ! Je l’ai acheté à la SPA et le dirigeant m’avait annoncé qu’il avait déjà travaillé pour la police.- D’accord, il fait de la recherche humanitaire.- De la recherche quoi ?- De la recherche humanitaire, c’est-à-dire qu’il recherche des personnes disparues. .- Ah, d’accord, mais alors il vous serait très utile ?- Ne vous inquiétez pas, nous en avons d’autres, merci et au revoir madame Merkel.- Au revoir. »Je rentrai chez moi avec mon chien, déboussolée, comme si je ne pouvais rien faire et que j’étais coupable. J’aurais quand même pu éviter le coup ou faire quelque chose, mais non ! Je n’ai rien fait. Mais quelle lâche suis-je ? Comme je m’en veux.Je n’ai pas dormi de la nuit, Vivaldy non plus. Nous ne mangions plus… Pourquoi ? Nous ne savions plus. Comme si quelqu’un nous empêchait de faire ce que l’on voulait. Il faut que j’aille travailler, mais j’appréhende et s’il revenait ce cambrioleur ? Et si c’était moi sa prochaine victime ? J’ai peur, tout le monde a peur, mon chien aussi. Après une longue hésitation, je prends mes affaires et les siennes et nous rentrons dans la voiture. J’arrive devant les grandes baies vitrées de la banque… Le parking est désert, personne dans les rues. Il fait sombre dehors, c’est horrible. Mon chien est à côté de moi et je le sens ; Il essaie de me rassurer. Je grimpe les marches et pousse un long et interminable soupir. Je pousse la porte, installe mes affaires et celles de Vivaldy, comme d’habitude. Le directeur, Christophe, vient m’accueillir, mais il me manque une présence… Oui Martine ! Ma pipelette préférée. Mais il faut que je m’y fasse, elle ne reviendra plus. Elle ne me dira plus " Qu’est-ce qu’il est mignon ton chien ".Cette simple pensée et je fondis en larmes sur ma grande table. Christophe vint vers moi et me dit :« Ca ne va pas ? Tu sais, tu peux rentrer chez toi si tu veux. Ce n’est pas grave. »Je levai les yeux, puis m’effondrai dans ses bras. Le chien gémit aussi comme s’il pleurait. C’était monstrueux.A quatorze heures, généralement l’heure de pointe des clients, il n’y avait personne, il fallait s’y attendre ! J'aurais mieux fait de rester chez moi aujourd’hui, car il n’y aura eu qu’une pauvre grand-mère venue me demander des renseignements.Cette terreur, cette peur, cette angoisse aura duré pratiquement trois semaines. Comme ce fut long toutes ces journées passées derrière une misérable table à attendre le client !Nous sommes le 9 mai, une journée lourde et émouvante. Le cambrioleur est revenu et je l’ai reconnu ainsi que Vivaldy, sa façon de marcher, de nous agresser, son timbre de voix… C’était le même, j’en suis sûre.Heureusement que mon chien était là, car sinon c’était moi qui était la prochaine victime. Dès qu’il est entré, il s’est précipité vers moi, l’arme à la main. Il s’est arrêté devant moi et m’a redit exactement la même phrase qu’à Martine : " Mets tout le fric là-dedans ! " en me montrant un gros sac de sport. J’exécutai tous ses ordres quand je voulus appuyer sur l’alarme, il n’eut pas le temps de tirer. Vivaldy surgit de dessous la table et lui arracha l’arme des mains en emportant dans son élan le bras de l’agresseur. Il ne voulait plus le lâcher et lui comprimait tout l’avant-bras entre ses crocs. C’était épouvantable, mais je me sentais en sécurité à ce moment là.La police intervint avec au moins une quarantaine de policiers, mais c’était déjà trop tard, le cambrioleur succombait aux morsures.Je regardai mon chien et lui demandai de venir. Mais il ne bougeait plus, comme s’il était pétrifié. Soudain, un nuage de brouillard et de fumée envahit toute la pièce, on ne distinguait plus rien, plus personne, puis en quelques secondes tout redevint clair comme le jour. Je cherchais mon chien du regard, mais il avait disparu. Je vis devant moi, à sa place, un homme assis par terre, comme un chien, il pleurait.Je venais de comprendre, Vivaldy n’était pas réellement un chien, mais un être humain, tel que vous et moi.
PR
2008 Ecrire avec, lire pour©Droits réservés

Quand Malreau devient Merkel…

Il était une fois (les histoires commencent souvent comme ça) une jeune femme. Oh ! Pas une jeune femme que l’on voit dans les magazines (pas assez jolie), pas non plus une jeune femme que l’on voit à la télé, pas une SDF. Non, une jeune femme comme on en voit tous les jours, une jeune femme qui a une bonne situation, une jeune femme qui ne demande rien à personne et qui n’est pas célèbre.

Notre jeune femme s’appelle Béatrice Malreau, elle a été adoptée par une famille parisienne aisée alors qu’elle était toute petite. Elle le sait bien entendu, on ne cache plus cela aux enfants surtout s’ils ont quarante-cinq ans et qu’ils sont employés de banque. Sa maman lui a même dit qu’elle était d’origine allemande.

Notre héroïne, qui pour l’instant n’a pas fait grand-chose, n’a pas de chance en amour. Quarante-cinq ans, toujours célib’, c’est vrai c’est un peu bête, mais elle s’en fout et on n’est pas là pour faire un mélodrame.

Elle vit une vie qui n’est pas très palpitante, surtout axée sur son travail de conseillère dans une banque. Un jour un jeune homme qui n’a rien d’un mec super sex’ se présente à la banque. Il demande un entretien avec Mademoiselle Malreau au sujet d’un stage qu’il doit effectuer. Béatrice le reçoit, elle hésite longuement, derrière ses hublots et son air vraiment trop coincé, il n’a pas l’air méchant. Elle se décide enfin, Brad Pitt (comme elle l’a surnommé en référence à sa «beauté exceptionnelle ») décroche son stage pour la semaine suivante.

Quelques jours passent, nous sommes maintenant mercredi, le stage de Brad Pitt se déroule correctement, il n’est pas très à l’aise avec les clients mais reste aimable et distingué, jamais il ne s’adresse directement à Béatrice qui ne remarque décidément rien. Il évite même de se trouver dans son passage.

Un lundi matin, en allant au boulot, elle passe comme tous les jours devant le petit kiosque à journaux du coin de la rue, salue la vendeuse qui la regarde d’un air inhabituel.

Mais bon, ça ne la choque pas plus que ça Béatrice, sa tête est déjà à la banque (c’est ça les gens qui aiment ce qu’ils font, ils ne pensent pas à leur super week-end passé trop vite, ni à ce qu’ils vont faire en fin de semaine, non non, ils pensent à ce qu’ils vont faire au travail, à leurs responsabilités, à leurs dossiers, à leur paperasse…).

Si elle avait su ! Si elle avait su la pauvre Béatrice ! Elle aurait regardé, elle aurait lu l’énorme page de « Public » posée non loin de la vendeuse. Mais attention ! Mais qu’est- ce qu’elle fait ? Ça ne lui ressemble pas ! Elle qui est d’habitude si pressée d’arriver à l’agence s’arrête, recule, revient sur ses pas ! OH ! Non Béatrice, ne fais pas ça, cette page va te gâcher ta journée, ta semaine, ton mois ! Mais si ! Elle arrive, se penche, elle lit le titre écrit en lettres rouges : « BÉATRICE MALREAU LA SŒUR CACHÉE D’ANGELA MERKEL ». La pauvre femme se sent mal d’un seul coup « Qu’est-ce que c’est que cette merde ?» marmonne-t-elle entre ses dents. Le lecteur attentif remarquera que c’est la première fois que Béatrice prononce un gros mot. Il faut marquer le coup, l’heure est grave ! Elle achète le magazine et se remet en route vers la banque. Elle marche vite, elle court presque, on peut voir des petites larmes (fines et discrètes mais des larmes quand même) couler le long de ses joues.

Arrivée à la banque, elle se précipite dans les toilettes, essaie de se refaire une beauté en se tartinant d’une épaisse couche de fond de teint. Elle ressort des cabinets, reçoit son premier client (une affaire de prêt comme d’habitude). Elle essaie d’être souriante, elle essaie de bien cerner la situation pour le conseiller de son mieux, mais le cœur n’y est pas. Le paparazzi de malheur va lui payer le vol de sa vie privée. Mais est-ce vrai au moins toute cette histoire avec la chancelière allemande ? Sa maman lui a bien appris l’existence d’une sœur en Germanie, d’ici à ce que cette sœur soit le chef de l’État, il y a tout même une marge importante. Elle n’a plus qu’une idée en tête, appeler sa mère pendant sa pause de midi (celle-ci, qui arrive trop vite les jours ordinaires, se fait aujourd’hui attendre !). La pendule sonne enfin douze coups, Béatrice fait tout pour mettre gentiment le dernier client pot-de-colle dehors et se jette sur le téléphone. Au fil de la conversation, ses collègues la voient devenir de plus en plus blanche en passant par le cramoisi, le vert kaki et le jaune pas très vif. Quand elle raccroche enfin, elle a beaucoup de mal à se tenir sur ses jambes, elle murmure tout bas : « Je suis la sœur de la chancelière allemande… » Alala pauvre Béa !! C’est dans ces moments-là qu’une femme a besoin d’un homme pour la réconforter ! Mesdames ne dites pas « NON », personne ne vous croit ! Tiens, Brad Pitt est encore plus distant que d’habitude, il a certainement lu la presse, il n’est pas très courageux, il ne veut sûrement pas s’approcher d’une sœur de Chancelière…

Béatrice pose son après-midi, les acquéreurs à la recherche de prêts lui sortent par les yeux et elle est bien décidée à trouver son journaliste. Elle se rend dès treize heures trente devant la porte de la rédaction de «Public», se « casse le nez » sur une porte qui ne s’ouvrira qu’à quatorze heures et cherche le rédacteur en chef et lui demande qui est cet « Harry. C » dont elle a vu le nom en bas de l’article. Il lui dit que sa véritable identité est Valentin Delètre, qu’elle peut le trouver au lycée Charlemagne et que normalement il ne dévoile pas le nom de ses journalistes. C‘est juste parce qu‘il la trouve jolie et qu‘il la drague (va-t-elle tenter sa chance avec lui) ? Non, elle a autre chose en tête et elle ne veut pas d’un beau parleur qui ne voit que son intérêt. Elle vient de se souvenir du nom de Brad Pitt : Valentin Delètre, c’est lui l’ordure qui lui a enlevé son intimité ! Mais que peut-elle faire contre cette andouille ? Elle ne lui en veut pas, au contraire, elle a même l’impression qu’il l’a libérée de quelque chose qui la turlupinait depuis son enfance même si elle ne voulait pas l’avouer ! Elle sait maintenant qu’elle a une sœur et donc une famille de sang ! Alors notre Béatrice prend, là, tout de suite sur le trottoir côté de la rédaction de « Public », une décision comme elle n’en a jamais prise, une décision sur un coup de tête. Elle a pris une décision sans réfléchir, une décision qui fait du bien : elle laisse sa routine, son métro, son boulot, son dodo pendant un mois (elle s’arrangera avec son directeur, ça, c’est pas un problème). Elle part découvrir son pays d’origine et… sa sœur !

Une semaine plus tard :

Béatrice est devant la demeure de la chancelière allemande. Elle a tout d’un coup une boule au ventre (attention pas une boule de nioniotte, ah non ! une maxi boule qui fait bien mal !) et une formidable envie de faire pipi. C’est à ce moment-là que notre héroïne se demande ce qui lui a pris de quitter boulot, métro et dodo pour se retrouver là ! Elle regarde le bâtiment une dernière fois et se dit comme dans les films à l’eau de rose :« Vas-y Béa, tu peux plus reculer maintenant ! ». Stop ! Stop ! Ça y est, c’est parti, elle y va…

RV
2008 - Ecrire avec, lire pour © Droits réservés

La rencontre (1)

Bonjour à tous. Je me présente, je m’appelle Béatrice Merkel, j’ai quarante-sept ans et j’habite dans le 13e arrondissement de Paris. Je vais vous raconter une incroyable aventure, qui m’est arrivé il n’y a pas si longtemps que ça. Cela a commencé lorsque je sortais de mon immeuble.

Refermant la porte principale, je commençai à marcher en direction du métro. Je ne faisais pas vraiment attention à ce qui se passait, un chien traversa la route, des jeunes fumaient assis sur le bord du trottoir, un homme courait avec de la musique dans les oreilles… Bref la routine. Je pris la route qui tournait vers le parc pour éviter la foule ou encore tous les touristes. C’est alors que, assis devant la porte d’un immeuble, un enfant pleurait. Au début, je ne faisais pas vraiment attention. A Paris, un enfant qui pleure c’est assez banal. Je ne commençai à le remarquer que lorsqu’un homme lui cria par la fenêtre de s’en aller car il n’avait rien à faire ici, que ce n’était pas en pleurant ses parents qu’ils reviendraient. C’est alors que je commençai à m’approcher de lui. Il leva la tête quand il m’entendit arriver, il me regarda droit dans les yeux, - malgré sa crasse - je ne pus m’empêcher de m’asseoir à côté de lui. Je lui ai demandé :

« Que fais-tu ici, tout seul, assis sur un trottoir ? »

Il ne me répondit pas. Je compris alors que les paroles ne serviraient à rien. Je passai un bras autour de ses épaules espérant le rassurer mais cela ne changea rien. Il eut plus peur que tout et il s’écria :

« Va-t’en, laisse-moi tranquille !

- Ecoute, je ne te veux pas de mal, je veux t’aider. Comment t’appelles-tu ?

- Alban.

- Alban, dis-moi, pourquoi es-tu tout seul, pleurant sur un trottoir ? »

Je me demandais vraiment ce qu’il avait et plus il pleurait, plus cela me rendait triste. Je trouvais cela étrange mais ce petit m’en rappelait un que j’avais gardé autrefois. Cela fait bien longtemps et pourtant j’avais l’impression que c’était hier. Lorsqu’il commença à parler, je sortis de mes pensées.

« Je… je suis seul, car mes parents sont partis sans moi... » dit-il en reniflant. Il fondit en larmes. Je lui ai alors proposé de marcher un petit peu. Il accepta sans broncher. Il m’a alors raconté, en ayant beaucoup de mal, que ses parents étaient partis. Il avait peur de ce qui allait se passer car ses parents ne l’avaient pas abandonné mais, comme ils étaient des immigrés et qu’ils avaient été découverts, le gouvernement les avait renvoyés chez eux en Algérie. Si lui était toujours là, c’est qu’il avait eu beaucoup de chance car ses parents l’avaient caché pour ne pas qu’il soit envoyé à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales. Mais le pauvre, cela faisait quatre jours qu’il n’avait pas mangé. Je décidai alors de l’emmener manger un morceau chez moi.

Mais voilà je me suis prise d’affection pour ce jeune et il resta donc pour dormir. Le lendemain, il fallait que j’aille travailler. Je lui laissai l’appartement et lui demandai d’y rester pour éviter les problèmes. Il accepta sans rien dire mais tout en souriant.

Sans que je le sache, il partit voir son frère qui était avec ses amis. Celui-ci le voyant arriver lui demanda :

« Qu’est-ce tu fous ici ?

- Je sais que je n’ai pas le droit de venir, mais…

- Alors pourquoi tu viens ? Tu sais très bien que j’t’ai interdit de v’nir ici !

- J’ai trouvé quelqu’un pour s’occuper de moi.

- C’est qui ?

- Béatrice.

- Où elle vit ?

- Dans le 13e.

- Super ! Bon, allez, dégage main’nant avant que mes potes reviennent. »

Le soir venu, je rentrai et bien sûr, il me mentit sur ce qu’il avait fait. Je lui préparai un dîner et l’envoyai au lit.

Un mois plus tard, nous étions devenus très proches. Nous nous racontions tout. Nous n’avions aucun secret, enfin c’est ce que je croyais.

Un matin, comme d’habitude je partis travailler sauf que ce jour-là, j’avais pris mon après-midi pour aller se promener et aller au cinéma. Mais voilà, lorsque je rentrai, je ne vis personne, pas d’Alban ! Inquiète, je partis à sa recherche. Au bout d’une heure, je le trouvai enfin, mais à ma grande surprise il était en train de rigoler avec cette bande de… de racailles !

Je m’écriai alors :

« Alban !!!

Tous se retournèrent. Ils devaient se demander « Qui c’est celle-là ? »

- Que fais-tu là ?

- Euh… Et bien…

- J’attends.

- J’te présente mon frère. »

Je restai bouche bée lorsqu’il prononça ces paroles. Puis revenant à mes esprits :

- Non mais je rêve, ton FRERE !!! Toi qui m’avais dit que tu n’avais plus personne, plus personne pour t’aider, que tu étais seul. Je croyais qu’on se faisait confiance, qu’on se disait tout, sans mensonges…

- Oh, hey !!! Dit son frère en sortant un couteau. Calme-toi ! Sinon c’est moi qui vais t’calmer.

- Arrête Karim ! »

Je sentais mon cœur qui battait à cent à l’heure ! Je n’arrivais plus à parler. Alban était terrifié.

Son frère déclara alors :

« Te mêle pas de ça Alban !

- Karim, s’il te plaît, arrête ! Si tu la tues, c’est comme si tu tuais maman !!!

- Maman n’est plus là !

- Pour moi Béatrice est une seconde mère.

Il me relâcha enfin. Et en partant, je criai à Alban :

- C’est lui ou moi ! Je te laisse trois jours pour réfléchir.

Arrivée chez moi, je m’enfermai à double tour. Je pris un verre de whisky pour essayer de me décontracter. J’avais peur. J’étais terrifiée.

Pendant ce temps, Karim et Alban continuèrent de réfléchir au problème. Karim intervint :

« On va faire comme ça, sérieux, j’veux pas qu’tu sois malheureux frérot ! Donc j’te conseille d’y retourner car ici c’est pas un endroit pour toi ! J’veux qu’ton bonheur.

- Mais, toi alors, qu’est…

- T’inquiète, j’me débrouille. »

J’étais inquiète. Alban n’était toujours pas revenu. J’avais peur qu’il fasse un mauvais choix. Cela faisait trois heures que je patientais. Quand soudain, on frappa à la porte. Je me précipitai à la porte pour ouvrir. Mais à ma grande surprise, c’était le facteur qui m’apportait un colis que je n’avais pas été chercher. Peu de temps après, j’aperçus un visage familier. J’étais rassurée. Alban me regarda avec ses petits yeux. Je l’invitai alors à rentrer. Le facteur partit. Je lui demandai alors :

- Je suis heureuse pour toi. Tu as fait le bon choix. Sache que je ne t’en veux pas, tu n’es pas responsable de ce qui s’est passé.

- …

- Ne me dis rien, je comprends.

Je partis alors lui préparer un bon petit plat. Il s’assit dans le fauteuil, pensif. Il déclara alors :

- J’en ai marre !!! Dit-il en fondant en larmes.

Je le pris dans mes bras, en l’embrassant.

- Tu sais très bien que je ne te laisserai jamais tomber. Je suis beaucoup trop impliquée dans votre histoire maintenant.

A ce moment, je réalisai que ce petit comptait beaucoup pour moi. Des larmes coulèrent de mes yeux, partageant sa peine.

Après avoir mangé, nous conclûmes cette journée assez émouvante.

Une semaine plus tard, il était toujours aussi triste. Je comprenais sa peine, son frère lui manquait ainsi que ses parents. Je ne pouvais le laisser ainsi et l’envie me prit. Je savais au fond de moi que c’était une idée absurde, mais je ne pouvais m’en empêcher. Il fallait que j’aille voir son frère.

Le lendemain, je pris la décision d’aller le rencontrer. J’arrivai en direction de la place où nous étions la dernière fois. Je l’aperçus au coin de la rue, il était en train de fumer. Les battements de mon cœur augmentaient à chaque pas. Pendant un instant, j’hésitai, de peur qu’il ne m’arrive quelque chose. Je pris mon courage à deux mains et allai le voir. Il se retourna et m’aperçut.

« Qu’est-ce tu fais là toi ?

- Je… Je voudrais te parler de ton frère.

- D’abord d’où qu’tu m’parles ! Quand mon frère il a un problème, il vient me voir !

- Mais c’est que…

- Vas-y, dégage main’nant !

- Non mais écoute-moi au moins ! Ton frère il a vraiment un problème. Ton absence lui fait mal. Tu sais très bien que tes parents ne sont plus là, en plus tu ne viens même pas le voir. Tous ces événements le détruisent ! Si je viens te voir, c’est qu’il y a une raison. Comme tu dois t’en douter, je me suis prise d’affection pour ton frère et je voudrais vraiment vous aider. Aussi bien pour lui que pour toi !

- D’abord, rien m’prouve que j’peux t’faire confiance. J’te connais pas.


- Tu peux toujours essayer. Cependant je doute que ton milieu soit favorable pour toi et Alban !

- T’peux rien faire pour moi ! Quand on commence dans ce milieu, on s’en sort plus. T’vois c’que j’veux dire ?

- Mais quel est vraiment ton problème ?

- En fait, tout a commencé lorsque je sortais du collège en cinquième. Des mecs sont v’nu m’voir. Ils savaient ma situation et que j’ne refuserais pas leurs propositions. Au début, ça paraissait simple mais en fait, une fois qu’t’es d’dans, t’peux pu t’en sortir. Main’nant, j’sais que j’peux pu m’en sortir et personne ne peut rien faire pour moi. C’est comme ça, puis c’est tout !

- Si jamais tu changeais d’avis, n’hésite pas à venir me voir. Je peux te trouver du travail et t’aider à t’en sortir.

- T’comprends pas ou quoi ? Si mes potes l’apprennent, j’suis mort !!!

- Réfléchis bien, je ne peux rien te dire d’autre à part que ton frère a besoin de toi. »

Arrivée chez moi, je trouvai Alban endormi sur le canapé. Je le pris et l’emmenai dans son lit et ensuite allai me coucher avec une lueur d’espoir que Karim soit convaincu.

Il se passa deux semaines sans que je n’aie de nouvelles. Le moral d’Alban s’améliorait de jour en jour mais ce n’était pas tout à fait ça. Je commençais à désespérer que Karim ne donne pas de nouvelles.

Huit heure du soir passées, on frappa à la porte, j’y allai sans soupçons. En ouvrant la porte, j’en suis restée bouche bée. Karim était enfin venu !

« Salut.

- Je suis contente de te voir.

- J’ai bien réfléchi et j’pense qu’il faut que j’change pour Alban. Il n’a plus que moi.

- Que comptes-tu faire ?

- Est-ce qu’on peut s’asseoir ?

- Oui, vas-y entre.

- Voilà, j’vais inventer des excuses bidon à mes potes. J’espère qu’ça march’ra. T’façon, dans la vie qui ne tente rien, n’a rien. INCH’ALLAH !! »

Alban sortit de la salle de bain et aperçut son frère. Il courut dans ses bras. Ils se blottirent l’un contre l’autre pendant un moment. J’étais émue devant cette scène. On voyait bien la complicité entre eux et l’amour qui s’en dégageait. Voyant cette joie, je ne pus m’empêcher de proposer à Karim de rester dormir pour la nuit. Il accepta. Pour la première fois, je les vis souriant, surtout Alban, qui était si triste depuis tout ce temps. Ce soir-là, était le plus beau moment que j’ai vécu, je ne l’oublierai jamais.

Le lendemain matin, j’emmenai Karim avec moi, à la banque. Le rendez-vous se passa plutôt pas mal, malgré ses problèmes d’élocution. Il ne tarda pas à trouver un petit boulot. Il avait été embauché comme serveur dans un bar. Il était assez content de son travail et n’avait quasiment plus de relations avec cette bande de racaille !

Un mois passé, tout se déroulait à merveille. Cependant, un jour où nous nous sommes promenés, Karim, moi et Alban, nous avons croisé malencontreusement les dealeurs. Ils s’avancèrent vers nous et nous emmenèrent dans une ruelle. Un des dealeurs commença à nous menacer verbalement. Karim réprimanda et voulut se battre. Je le retins. Une fois leurs menaces prononcées, ils partirent et nous sommes rentrés chez nous précipitamment. Nous avions vraiment peur de ce qui pourrait se passer, mais voilà, nous n’étions pas au bout de nos peines.

Le lendemain, je partis porter plainte même si ce geste ne servait à rien. Je suis restée plus de trois heures au commissariat. Et pendant ce temps-la, Alban était resté à la maison et Karim était parti au travail.

Le soir venu, je retrouvai Alban inquiet. Je lui ai alors demandé ce qu’il avait :

« Tu sembles faire la tête, qu’est-ce qui ne va pas ?

- Karim est toujours pas rentré !

- Ah oui, en effet, tu n’as aucune idée d'où il pourrait se trouver ?

- Bah non, il m’a dit qu’il rentrerait vers les sept heures.

- Il a un portable ou pas ?

- Non j’crois pas.

- Viens avec moi, on va le chercher. De toute façon, on n’a pas le choix. On ne sait pas ce qui a pu lui arriver. »

Cela faisait déjà trois heures qu’on le cherchait, et toujours rien. Nous étions de plus en plus inquiets. Il commençait à se faire tard, et nous décidions alors de rentrer car Alban commençait à fatiguer.

Malgré tout cet acharnement, nous n’avions eu aucune nouvelle de Karim.

Le lendemain matin, toujours rien. Alban et moi avons continué nos recherches, sans résultats malheureusement. Epuisés, nous décidions d’aller se poser dans un café. Voyant Alban très triste, je décidai alors de lui acheter un magazine. J’allai en direction du marchand quand on me proposa le journal. Je le pris sans grande attention.

Après avoir acheté son magazine, on se dirigea vers le parc. Dès notre arrivée, Alban se précipita en direction de l’Araignée. Entre temps, je m’assis sur le banc pour le surveiller. J’ouvris alors le journal pour m’occuper en attendant, tout en gardant un œil sur lui.

« Toujours les mêmes choses qui reviennent ! Un accident de voiture encore, tiens ?! Grève des éboueurs ! Eh voilà, encore un vol… Alban, ne t’éloigne pas trop !

- Ok !

- Tiens, je parie que la troisième page, c’est pareil ! Eh bien oui, « Aujourd’hui, un jeune d’environ 18 ans a été retrouvé mort dans une des rues du 19e arrondissement, des témoins ont confirmé qu’il avait été battu à mort. Apparemment, il travaillait comme serveur dans le restaurant Traditi… »

Je laissai tomber le journal par terre, Alban me regardait et vint vers moi. J’étais sûre qu’il avait compris. Je le pris dans mes bras et le serrai très fort contre moi :

- « KARIM !!! Pourquoi ? POURQUOI !!!!

Il le cria de toutes ses forces, mais malheureusement, cela ne changerait rien.

Finalement, ce drame nous a amené à changer de pays. Nous ne voulions plus avoir de problèmes. Il ne nous restait que son image gravée en nous. Ce choix était très dur mais nous n’avions pas d’autres solutions. Je savais au fond de moi que Karim aurait voulu cela pour le bien de son frère.

Voilà, maintenant nous vivons près de Bordeaux, dans un quartier paisible. Alban a su surmonter cette tragédie et moi… moi je suis restée Béatrice Merkel, sauf que mon point de vue a changé !

Quoiqu’il arrive, il faut garder espoir. Croyez en vos rêves, nous n’avons qu’une vie et elle mérite d’être vécue. Ne vous rattachez pas à vos problèmes. Voyez plutôt l’avenir. Dites-vous simplement que la vie, c’est comme une corde, il suffit de s’y attacher jusqu’au bout et une fois arrivé, vos efforts seront récompensés !

EB, SD, CF
2008 - Ecrire avec, lire pour © Droits réservés

La vie d’après

Ma vie avant ? Elle ne se résumait pas à grand chose. Je me levais à cinq heures trente - six heures, je me lavais et à sept heures j’arrivais à la banque. Toute la matinée, la banque était vide, vers midi et demi, toute la clientèle arrivait en masse (je n’ai jamais compris les gens, ils viennent toujours à l’heure de la pause) vers treize heure trente, j’allais déjeuner à la buvette du coin, l’après-midi vers dix-huit heures un nouvel afflux de client revenait. Le soir, on allait dîner entre copines, on discutait des hommes que l’on avait conseillés sur leur argent pour le divorce et bien entendu, on leur donnait notre carte pour qu’ils nous rappellent. Après le dîner, je regardais les feuilletons « fleur-bleue » à la télévision et ils finissaient toujours par me faire pleurer ! Après la tisane, j’allais me coucher seule dans mon lit froid. Tous les jours les mêmes rengaines.

Toute ma vie j’ai été seule, sauf des nuits occasionnelles où à la sortie d’un bar je ramenais un paumé dans mon lit mais il n’y restait jamais, sauf une fois le malheureux m'a demandé ma main, mais pendant ces années (les plus heureuses de ma vie) il a sombré dans l’alcoolisme alors il est parti, préférant sa bouteille à sa femme…

Mon appartement n’avait rien d’inhabituel, tout ce qu’il y a de plus banal, mais il était propre et rangé, sauf l’étagère de ma chambre, mon petit laboratoire où je laisse moisir mes radis (depuis le lycée je suis captivée par les radis). Vous saviez qu’un radis rassis ressemble à un raisin sec et bien moi je le sais depuis trente ans.

Oui, j’avais quarante-huit ans, la cinquantaine m’effrayait, je n’avais rien fait de ma vie, pas d’enfant, pas de mari juste ma mère que j’allais voir tous les dimanches à la maison de retraite.

Je n’aimais pas y aller, elle était intubée de partout, je me disais vivement qu’elle meure, pour elle c’était mieux qu’elle soit là-haut que sur terre. C’est un cancer du rein qui l’a terrassée mais elle a tenu pour voir ses petits-enfants qu’elle disait, elle a dû être déçue, pour moi c’est presque la ménopause et même pas un copain l’horizon, la pauvre.

Bref, une vie ennuyante et sans intérêt.

Un jour, je ne suis pas allée au boulot, j’ai préféré rester avec mes radis, cette journée m’a beaucoup fait réfléchir, toutes mes craintes de finir dans ce trou à continuer ce boulot en restant seule sont venues me hanter, il fallait changer quelque chose et profiter de la vie, mais comment ?

J’ai repensé à mon adolescence, l’époque où je rêvais de voyager, mais mon anglais était pire que médiocre, donc je n’avais pas bougé.

Pendant plusieurs semaines, je repensais à mon rêve de gosse et plus le temps avança et plus l’idée faisait son chemin.

Pourquoi ne pas partir loin et tout plaquer, j’avais des économies et rien, depuis la mort de ma mère, rien ne me retenait ?! Pendant plusieurs mois à la banque j’avais regardé toutes les destinations possibles, loin des grandes villes, loin des gens, loin de la civilisation et des habitudes.

Parmi toutes ces destinations, la Guyane avait attiré mon regard (loin de Paris, des grandes villes, de la végétation et en plus, ils parlent français pour la plupart, seul inconvénient la pluie). Une autre destination aussi, le Tibet (les montagnes, le retour à la terre mais il y fait froid et ils ne parlent pas ma langue).

Mon choix était fait, j’irais en Guyane mais quelles affaires prendre ?

Rien, juste des vêtements et un parapluie, c’était décidé, je partais dans trois semaines. Pendant le boulot, je mis mon appartement à vendre, j’écrivis ma lettre de démission et je réservai mon billet aller simple.

Voilà les raisons de mon départ. Maintenant, j’habite un carbet en bois au milieu de la forêt amazonienne, je n’ai pas d’eau ni d’électricité, je me lave toujours à l’eau froide, je cultive mes légumes et mon voisins chassent pour moi. J’ai un boulot à mi-temps, je bosse six mois dans l’année comme animatrice nature, je me sens bien, tranquille, je suis heureuse et toujours avec mes radis !


LB
2008 - Ecrire avec, lire pour © Droits réservés

26 Août 1999

Comme tous les jours, Béatrice Merkel faisait sa balade quotidienne avec sa chienne Pépette. Mais ce jour ne fut pas comme les autres. Un jeune homme d’une trentaine d’années, qu’elle n’avait jamais vu auparavant, venait de passer devant elle. Pas un homme comme les autres un homme avec de la classe et pourtant de la réserve. Un homme comme elle les aime. Elle sentait son cœur battre de plus en plus fort tandis que lui, avançait d’un pas nonchalant, la tête dans son journal, en se retournant de temps, croisant le regard de Béatrice. Ensuite il changea de trottoir continuant ces jeux de regards…

Au moment de traverser, un bruit de tonnerre se fit entendre, le jeune homme tomba…

Elle accourut à son secours, oubliant sa chienne qu’elle trainait derrière machinalement, elle prit son pouls, et resta de marbre. Elle ne sut quoi faire, paniqua, courut d’un côté puis de l’autre, ne sachant où aller pour trouver de l’aide.

Derrière elle, elle entendit une voix de femme disant :

« C’est elle !!! Je l’ai vue !!! Elle l’a poussé sous les roues de la voiture !!! »

En entendant cette femme, Béatrice paniqua, oublia complètement pourquoi elle courait.

Effrayée de ce qu’elle venait d’entendre, elle s’enfuit le plus vite possible tirant une fois de plus sa chienne dans tous les sens, vers sa maison.

Cette femme mystérieuse, appela la police pour dénoncer ce qu’elle venait de voir, elle était persuadée d’avoir vue Béatrice tuer le jeune homme.

Béatrice se doutait d'être accusée de meurtre qu’elle n’avait pas commis... elle tournait en rond dans son appartement… ne sachant quoi faire… se dopait aux antidépresseurs…

De retour dans les bureaux du commissariat, un interrogatoire se prépare avec le témoin :

- Bonjour madame…

- Madame Chossac, Albertine Chossac pour être exacte.

- Très bien, madame Chossac. Je suis l’inspecteur Labiche. Dites-moi tout ce que vous avez vu, s’il vous plaît.

- Alors , j’étais tranquillement assise à une table d’une brasserie, quand…

- Quelle brasserie ?

- Dans le parc, il n’y a qu’une brasserie, c’est la Paska.

- Ah oui, je vois. Poursuivez, je vous prie.

- Je me souviens qu’elle avait un accent allemand,… je pense… et lorsqu’elle prit la fuite, elle a fait tomber une carte de visite. Apparemment, elle serait conseillère clientèle dans une banque, celle de la banque de France.

- Vous avez gardé cette carte ?

- Oui, tenez ! La voici … de l’autre côté de la carte est inscrite son adresse.

- C’est bien sur la place d’Italie, au 13e arrondissement à Paris… donc dans notre ville.

- Oui, il me semble; et je pense que c’est important de vous dire que c’est une femme assez mûre, entre quarante-cinq et cinquante ans, mais pas plus... je pense que c’est tout.

- Je vous remercie pour tous ces détails madame Chossac. Vous nous avez été d’une aide précieuse ! S’il vous revient à la mémoire un petit détail… Revenez nous voir !

- Je vous en prie. Je reviendrai si nécessaire. Mais… dîtes-moi, vous avez l’air tout retourné…?!

- Non, non… Bon retour, mon collègue va vous raccompagner. Au revoir.

- Au revoir.

Un collègue s’approcha de l’inspecteur Labiche, et lui demanda à son tour s’il allait bien. L’inspecteur prit une chaise pour s’asseoir, et mit sa tête dans ses mains. Il avoua ensuite et dit :

« L’enquête sur laquelle je suis, ne colle pas avec ce que dit madame Chossac, car le légiste m’a dit son compte-rendu sur la mort du jeune homme, et n’a pas vu de trace de couteau, d’arme à feux ou de marques d’étranglement. Il a été renversé du côté droit par une voiture allant environ à cinquante kilomètres heure. Donc la femme accusée par madame Chossac n’est pas la coupable, c’est le chauffeur de la voiture qui est coupable ! Heureusement, j’ai une carte où il y a son adresse. Viens avec moi, on va allez lui annoncer la bonne nouvelle.

Entre-temps, un policier était venu chez Béatrice, qui déjà n’était pas bien du tout, pour lui annoncer qu’elle était accusée de meurtre, qu’il fallait qu’elle reste chez elle, jusqu’à ce que d’autres policiers viennent la chercher.

Une fois arrivés au 13e arrondissement, l’inspecteur Labiche et son collègue trouvèrent sans difficulté la maison de Béatrice. Ils sonnèrent une fois… sans réponse. Puis deux… puis trois… avant de rentrer en forçant la porte. Puis l’inspecteur Labiche cria dans la maison :

- MADAME MERKEL ?!

Son collègue vérifia les pièces de la maison, puis arrivé à la salle de bain… il s’arrêta sans rien dire… L’inspecteur arriva dans la même pièce, sortit son portable, en restant calme, et appela son patron pour seulement lui dire :

« C’est fini… affaire classée… Béatrice Merkel n’est plus des nôtres.

Béatrice venait de se couper les veines, étendue de tout son long dans sa baignoire.

L’inspecteur tourna la tête pour éviter d’avoir son regard en face de cette femme étendue et vit une lettre… sur l’évier de la salle de bain :

« Je me doute qu’un jour ou l’autre quelqu’un tombera sur cette lettre…

Je ne peux expliquer mon geste que par le désespoir… ma vie est monotone. J’ai un boulot que je n’aime pas, je suis divorcée, je n’ai pas d’enfant, pas d’amis… je suis accusée d’un meurtre que je n’ai pas commis… à quoi bon se battre. Je n’ai plus rien à vivre… Adieu monde injuste. »

AL, CD, NV
2008 - Ecrire avec, lire pour © Droits réservés

The Red Ripper

A tous ceux qui liront ces quelques lignes…

« Bonjour,
Voilà, je sais que vous me pourchassez et que vous vous demandez pourquoi ces meurtres ? Ainsi je vais vous expliquer mon œuvre. J’ai fait jusqu’ici 38 morts, tous éventrés et baignant dans leur sang… 38 morts, et je ne m arrêterai pas là, j’en veux 63. Pourquoi 63 ? Parce le général Mussot est passé au pouvoir en février dernier à 63 % des voix. Que nous puissions élire un président qui n’a de cesse d’augmenter la précarité, de favoriser les plus riches, de mener une politique d’immigration fascisante, de créer une police spéciale dont le but est de pourchasser des personnes, et d’éliminer la contestation, cela me gêne, et c’est pourquoi, je tuerai 63 personnes adhérentes au parti de ce speudo-démocrate pourri. Maintenant je vous laisse, je dois encore tuer 25 personnes pour finaliser ma gloire. Encore bon courage pour me trouver et mes respects. »
The Red Ripper.
Je ne sais pas pourquoi, j’ai signé « Red Ripper ». Je crois que cela vient d’un délire. « Red Ripper » veut dire « éventreur rouge ». Cela exprime mes idées mais aussi comment sont tuées mes victimes. Elles sont éventrées, l’idée me vient d’un célèbre anglais qui sévissait à Londres, il y a plusieurs siècles, sauf qu’à notre époque, il est plus difficile de ne pas se faire avoir… Voilà pourquoi, j’ai une valise contenant mes outils :

- Des gants en cuir qui empêchent toutes empreintes suspectes sur les lieux.

- Un bonnet (comparable à ceux que l’on trouve dans les hôpitaux). Il sert à éviter de perdre tout cheveu qui pourrait être analysé (je me serai de toute façon rasé préalablement).

- Une blouse qui sera brûlée après utilisation comme à chaque fois avec l’appartement de la victime.

Les précautions sont peut-être extravagantes mais elles me protègent. Ah, j’oubliais, mon arme, un simple couteau de cuisine, il est pointu et affûté et ça me suffit.

Ce soir, ma victime se nomme Béatrice Merkel, c’est la banquière d’un camarade à moi. Il est habile des mots et a réussi à lui soutirer des informations la concernant (en la courtisant). Maintenant, et je sais où, quand et comment frapper.

Je me rends à vingt heures, au 3 place de l’Italie dans le 13e. Je reste dans la rue dans ma voiture, caché derrière un journal. A vingt heures vingt, il fait nuit et il n’y a pas un chat dehors (depuis qu’une suite de meurtres a eu lieu dans le quartier, personne n’ose s’aventurer dans les rues).

Je patiente jusqu’à vingt-trois heures puis je passe à l’action. Je suis déjà prêt, j’ai mis mes gants, ma blouse et un gigantesque pardessus noir en cuir. Je m’avance vers la porte et à mon grand étonnement, je trouve celle-ci ouverte. Moi qui savais fracturer les portes sans aucun bruit ou presque, je croyais devoir casser celle-ci. J’entre donc dans la maison et découvre un vaste couloir jonché de livres écrits en allemand et aperçois avec effroi « Mein Kampf ». D’un coup, tous mes remords étaient envolés et j’allai donc donner un terme à la vie de cette femme.

J’avance, essayant de trouver où elle se cache, mais en ouvrant une porte je tombe sur un molosse montrant les crocs. J’ai déjà eu à faire à ce problème et donc je sors d’une poche de ma blouse deux boules de viande imprégnées de somnifère, qu’il avale en une bouchée. J’ai vraiment tout prévu et il s’endort en quelques minutes. Je prends des somnifères car je répugne à tuer le plus grand ami de l’homme et de plus, un chien ne choisit pas son maître.

Je prends mon temps et silencieusement je trouve sa chambre et tourne discrètement la poignée. Elle est là, dormant. Elle semble fatiguée et doit avoir quarante-six ans à vue d’œil. Mon bonnet me gratte le haut du crâne. Je lui plaque ma main contre la bouche, la réveillant. Ses yeux se remplissent d’effroi, mon couteau lui plonge dans le ventre et remonte lentement lui dessinant une boutonnière gigantesque. Ses draps et ses vêtements s’emplissent de sang : c’est fini.

Je vais chercher mes jerricans d’essence et brûle la maison en commençant par la chambre de Merkel. Je suis assez heureux de voir sa maison brûler mais…. Le chien… vite ! Je cours entre les flammes et ramène le cabot dans ma voiture. Je me suis attardé, j’entends des sirènes de pompiers au loin. Je fuis encore une fois, laissant ma lettre scotchée à un réverbère. Je fuis pour retrouver mon logis accueillant, mais j’ai gagné un chien et un titre dans les journaux le Red Ripper est né et ce n’est plus qu’un vulgaire assassin…

TL
2008 - Ecrire avec, lire pour © Droits réservés

Sa dernière parole

Bonjour Béatrice,

En me levant ce matin, j’ai pensé à toi, comme chaque matin depuis que tu es partie et je me suis décidé à écrire cette lettre pour m’excuser des années passées. Je sais très bien que tu ne me pardonneras pas. J’ai conscience que, quand tu étais enfant, je t’ai fait souffrir, c’est certainement pour cela que tu t’es enfuie très tôt. Depuis ton départ, j’ai réfléchi et je me suis lancé dans une cure. Dès que je voyais une bouteille, je me souvenais de ton visage rempli de larmes lorsque je buvais et devenais violent. Avec les blessures que je t’ai causées, je suppose que tu ne répondras pas à ma lettre. Mais j’ai quand même un espoir de te revoir, de te parler et même de t’écouter.

Tu me manques.Ton père.

Quand je lus cette lettre, un sentiment de désespoir m’envahit. J’eus l’impression de mourir puisque toute ma vie défilait devant moi…

Un soir en revenant de l’école, je vis mon père une bouteille à la main. Je dus mettre la table sur le champ, par malheur son verre était mal disposé. Alors il se mit à me frapper. Le lendemain, à l’école, la maîtresse me posa des questions à propos de mes bleus. Je lui dis simplement que j’étais tombée dans les escaliers, sans penser que ça ne tenait pas debout. Depuis cette soirée mon père me battait régulièrement. Mon enfance fut pour moi la période de ma vie la plus difficile et malheureuse, hormis mon divorce. A seize ans je me suis sauvée de chez moi et je suis partie en France le pays le plus proche et dans la possibilité de m’accueillir. J’enchainais les petits boulots pour pouvoir payer le misérable logement que je m’étais trouvé. A mes dix-huit ans, j’eus le plaisir d’avoir un travail stable qui me permit d’avoir une condition de vie plutôt agréable. L’année suivante, je rencontrai mon futur mari que j’épousai à l’âge de di-neuf ans. Tout était parfait jusqu’au jour où il me quitta pour une autre plus jeune que moi au bout de quinze ans de mariage. A tente-cinq ans, j’ai reçu la première lettre de mon père, je ne l’ouvris même pas.

Pendant plusieurs années j’en reçus régulièrement. A quarante-deux ans, j’ai eu des remords et j’ouvris sa dernière lettre. Je me rendis compte que j’avais un besoin de le voir, de lui parler… Je décidai alors d’aller à l’adresse indiquée au verso de l’enveloppe. Je m’y rendis. Arrivée devant mon ancienne maison, je sonne à la porte, personne ne vient m’ouvrir… J’ai donc décidé d’entrer et là je vis sur le fauteuil un homme mourant, rongé par la vieillesse, c’était mon père !

Je me penche sur lui, je le regarde. A ce moment il ouvre les yeux et murmure :

« Béatrice…

- Oui père !

- Je suis heureux de te revoir…

- Ne parle pas, tu as déjà du mal à respirer !

- Je dois te dire quelque chose d’important… je t’… »

Ce fut la dernière parole que mon père m’adressa.

LL, JM, ML
2008 - Ecrire avec, lire pour © Droits réservés

Je ne suis pas comme toi

Il est temps que je lui réponde. Comment lui dire ? Comment lui expliquer que ça ne peut pas continuer ? Que tout ce qui est arrivé est une erreur ? Au fond est-ce que j’ai vraiment envie que ça s’arrête ? Il faut que je lui parle, mais j’ai peur, alors j’écris :

« Laure,

Jamais je n’aurais pensé écrire une lettre enflammée à une femme. Tu m’as déroutée, tu as bouleversé ma vie, cette vie que je n’aimais pas plus que ça, mais qui me protégeait du monde qui nous entoure.

Avant, tout me dégoûtait chez toi, ton physique, tes idées, ta façon de voir la vie…Tu es si idéaliste. Je redoutais les jours où tu venais me voir à la banque, ton projet est insensé. Mais tous les soirs, je pensais à toi,·tu me troublais. Finalement tes cheveux me paraissaient jolis tout emmêlés, tes yeux bleus m’hypnotisaient et tes fossettes me faisaient succomber. Peu à peu, je buvais tes paroles. Je me fichais de ce dont tu me parlais, ce n’est pas ton centre d’aide aux jeunes homosexuels qui m’intéressait, mais toi.

Tu te rappelles du jour où je t’ai demandé de venir boire un café avec moi, tu m’as regardé avec de grands yeux ronds, mais tu as accepté. Sur le chemin, tu parlais encore et encore…

Pendant ce temps-là, je réfléchissais à ce que j’étais en train de faire, j’allais au-delà de mes convictions et j’avais honte. Mais je ne pouvais pas me résoudre à oublier ce désir d’être avec toi. Qui aurait cru, que moi, Béatrice Merkel, 42 ans, de droite et hostile à tout ce qui peut sortir de l’ordinaire pouvait éprouver un penchant homosexuel. Mes idées politiques ont souvent été une barrière à mon épanouissement.

Tous les soirs, quand je retrouve mon appartement dans le 13ème, je regarde mon chien et j’imagine ma vie sans lui et tu prends sa place. Tout ceci est bizarre. Je suis stupide.

Le jour où finalement j’ai eu l’audace de t’embrasser, toutes mes peurs se sont évaporées.

Passer du temps avec toi m’a aidé à voir plus loin. Je retrouvais mon esprit critique, et je me surprenais parfois à être d’accord avec toi.

Puis le jour où nous avons fait l’amour pour la première fois, je savais que ce serait la dernière. Finalement notre relation ne menait à rien. Nous n’avons rien à construire. Tu es jeune et moi non. Alors pourquoi continuer à se faire du mal.

Ma vie me manque. Je retourne en Allemagne où je pourrai t’oublier.

Béatrice. »

LG
2008 - Ecrire avec, lire pour © Droits réservés

The Rabbit Fight 1

Béatrice mange tous les jours à la cantine des carottes râpées, des carottes en rondelles et du gros flanc de carottes confectionné par le grand chef KADY. Elle est banquière, et s’occupe surtout de la partie « conseil ». Tous les soirs, elle rentre chez elle avec hâte pour retrouver ses 450 lapins, qu’elle promène tous les soirs. Mais ses petits protégés lui servent également à se chauffer naturellement tout l’hiver. Sa grande passion est de les jeter contre le mur pour voir s’ils volent. Le plus gros problème est que son toutou « Boîte à clous » lui dévore une bonne quinzaine de lapins par jour. Béatrice, mécontente lui donne des coups de râteau. Depuis, son chien a le membre arraché.

Un jour Béatrice partit au travail avec bonne conscience. Elle alla chez son boulanger, et lui demanda un jus de carottes et une tartine de carottes. Arrivée à la banque, elle s’assied à son bureau pour commencer sa partie habituelle de solitaire. Un coup de fil retentit, elle se précipite dessus et décroche le téléphone violemment : c’était le concierge.

« Oui allo ! dit le concierge

- Allo ! cria Béatrice

- Vos lapins mangent tout, y compris votre madeleine de chien.

- C’est une catastrophe ! J’ai oublié de les jeter contre le mur ". Et aussitôt, elle sortit en courant de la Banque en réquisitionnant une voiture. Elle écrasa quelques écoliers et retraités sur son passage, elle arriva en bas de l’immeuble, prit le râteau du jardinier et monta les marches quatre à quatre. Arrivée au 7ème étage, elle commença à charcuter quelques lapins en les piquant et en les projetant contre le mur à l’aide du râteau mais ceci ne suffisait pas. Les bêtes devenaient folles et attaquaient de plus en plus. Béatrice décida de changer d’armes et prit un extincteur. Elle utilisa la mousse de son arme pour les aveugler puis les tuer en les écrasant avec ses pieds. Les lapins grimpaient aux murs sur le plafond et se jetaient sur elle, lui arrachant les cheveux tout en essayant de lui crever les yeux. Heureusement que Béatrice avait les canines bien développées et les mordaient tellement fort que les pauvres lapins crissaient sur les dents de la folle Merkel. Elle dut reculer devant l’affluence des lapins toujours plus nombreux. Elle arriva dans sa cuisine et s’arma de son service de fourchettes. Elle se mit à les lancer avec précision et élégance. Les lapins furent terrassés et battirent en retraite. Elle les pourchassa et prit son mixeur avec elle, tout en enlevant la protection de celui-ci ! Elle fonça sur les bêtes hargneuses comme avec un roto fil. Le sang gicla et Béatrice fut aveuglée et sans s’en rendre compte, s’entailla la jambe. Les rares survivants en profitèrent et se jetèrent sur elle.

Une lumière blanche apparut : le grand gourou était suivi de deux autres lapins EL MASAD et EL GOUDOU. Le gourou commença son discours.

(Gourou) « Tu as trois choix : soit tu te réincarnes en ce que tu veux, soit tu refais ta vie ou tu vas au paradis des lapins.

(Béatrice) - Je me réincarne en lapin. »

Béatrice arriva tout droit dans la forêt de mormoiletronc et dès sa première respiration elle fit un bond : « BOUM » une balle traversa son pauvre petit corps poilu.

HC, AH, MC
2008 - Ecrire avec, lire pour © Droits réservés

Une fin certaine

18 juin 2002

Une femme sortit de l’hôpital. L’air morose, Béatrice s’en alla d’un bon pas et s’enfonça dans un dédale de ruelles. Enfin, elle trouva ce qu’elle cherchait. Elle s’assit sur le banc et commença à pleurer. Elle, Béatrice, quarante ans, conseillère clientèle à la GMF, venait d’apprendre qu’elle avait une leucémie ; elle venait d’apprendre qu’elle n’avait plus qu’environ trois semaines à vivre. Une fois fini de se lamenter sur son sort, Béatrice comprit ce qui lui restait à faire, et elle se mit en marche. Sur le chemin, elle croisa une école.




12 septembre 1965

« - Non maman, je ne veux pas y aller.

- Je ne te demande pas ton avis, hier encore tu voulais y aller.

- Oui mais j’ai peur, et si …

- A ce soir ! lui dit sa mère en s’éloignant. »

Et Béatrice entra à l’école.



18 juin 2002

Sa première journée de classe. Béatrice s’en souvint. Elle poursuivit son chemin et arriva devant une église. Son mariage aussi, elle s’en souvenait :



16 mars 1982

Béatrice avait vint ans. Jean, son (ancien) fiancé était à côté d’elle. Un prêtre parla derrière eux mais elle ne l’entendait pas, ou plutôt elle ne l’écoutait pas. Elle embrassa son ami et ils sortirent…



18 juin 2002

Malheureusement, cette église lui rappelait un autre souvenir, beaucoup moins drôle :


13 aout 1990

Cette fois, dans l’église, aucune joie, aucune bonne humeur, pourtant, de nombreux amis de la famille sont là. Mais l’ambiance n’est pas à la fête car ils sont réunis pour l’enterrement de sa mère, Anna, qui était morte trois jours plus tôt.


18 juin 2002

Mais Béatrice ne voulait pas se rappeler ce douloureux souvenir. Alors, ne voulant pas se rappeler les autres pensées du même genre qui était nombreuses à lui hanter l’esprit, elle avança. Enfin, elle l’aperçut. La tour Eiffel imposait de toute sa masse le paysage. Elle monta au dernier étage et s’approcha de la rambarde. Elle, Béatrice, quarante ans, conseillère clientèle à la GMF a appris qu’elle avait une leucémie. Elle enjamba la rambarde, regarda longuement le paysage, sans prêter attention au gens qui, en bas, criaient en la montrant du doigt. Elle ferma les yeux et sauta.

TC
2008 - Ecrire avec, lire pour © Droits réservés

Le marchand ambulant

« Qui veut mes bijoux ? Pas chers les bijoux ! »

Je pensai aux gens qui allaient se faire arnaquer et continuai.

« De beaux bijoux provenant d’Egypte ! Un prix exceptionnel ! »

Les gens sont vraiment naïfs. « Tiens, voilà une femme tout à fait charmante, me dis-je, je vais essayer de lui en vendre un. »

« Vous cherchez quelque chose de particulier ? »

La femme me regarda et rougit.

- Je regarde juste. Ils sont magnifiques ! dit-elle.

- Ils viennent d’Egypte, dis-je.

- Vous aussi, vous avez une belle bague. Elle vient aussi d’Egypte ?

- Oui, je l’ai achetée lors de mon dernier voyage. C’est une bague que j’ai trouvée en faisant des fouilles. C’est un scarabée bleu avec des reflets dorés.

- Oh, comme c’est passionnant. Tiens, cette bague m’a tapé dans l’œil. Je vais vous la prendre ! Dit la femme.

- Vous avez fait le bon choix, c’est une bague qui vous portera bonheur, dis-je.

- Il fait beau aujourd’hui, n’est-ce pas ? Vous devez avoir beaucoup de monde !

- Oh, oui, vous savez, les gens vont au marché dès qu’il fait beau ! Vous n’êtes pas une exception !

- Oh ! Même quand il pleut, je vais au marché, comment voulez-vous que je mange sinon ?

Mince elle s’emporte, elle a un bon caractère cette femme-là, c’est peut-être la bonne, pensais-je.

- Dites -moi, vous avez un petit accent, vous venez d’où ?

- D’Allemagne ! Il est si horrible mon accent ? Pourtant, je fais tout pour le perdre, dit-elle démoralisée. Vous savez, je suis conseillère clientèle dans la banque de la ville alors les gens ne me comprennent pas tous et mes patrons veulent que j’améliore ma langue ! ».

Elle en a presque les larmes aux yeux… mais elle est conseillère clientèle dans une banque ! Voilà mon prochain boulot ! me dis-je.

- Ma pauvre dame, vous êtes bien courageuse d’être venue en France, mais pourquoi êtes-vous venue ?

- Oh, vous savez, moi je suis une femme de droite et l’Allemagne, ce n’est pas trop mon truc ! dit-elle.

Elle est la personne parfaite, naïve et déprimée, ça risque de se dérouler à merveille.

« Et comment vous appelez-vous ? Lui demandai-je.

- Béatrice, Béatrice Merkel, et vous ?

- Bruno Langlais, dis-je.

Dring, Dring…

- Oh excusez-moi, mais j’ai mon portable qui sonne, c’est un coup de fil important, il faut que j’y aille, au revoir, dit elle.

- A bientôt. »

Et voilà qu’une autre cliente arrive. Et ainsi de suite jusqu’à la fin de la journée, je préfère vous épargner les détails, ce n’est pas très intéressant.

Me voilà enfin arrivé chez moi. Je vais pouvoir mettre mon plan à exécution. Je vous explique : demain, à douze heures quarante-cinq, je cambriolerai la banque, rue des Hortensias, lors de la pause déjeuner de Béatrice Merkel. J’entrerai par la porte réservée aux employés, qui reste souvent ouverte à la pause déjeuner. Je serai habillé en noir, avec des chaussures qui ne font pas de bruit, une cagoule, et bien sûr, mon revolver.

Tout cela m’a fatigué, je vais aller me coucher.


***

J’ai mal dormi cette nuit. Je sentais l’heure de ce braquage arriver et cela me stressait. Et si je me faisais prendre ? Que se passerait-il ? Ah ! Ces doutes qui m’envahissent ! Il faut absolument que j’aille voir à cette banque, que je me prépare, que je finisse les derniers détails, que mon revolver soit chargé ! Ah ! Tant de choses à faire ! Mais il me faut de l’argent, coûte que coûte ! J’ai besoin d’argent sinon on va me saisir ma maison ! Non ! Pas question qu’il touche à mon bijou, mon trésor ! Il faut que je dévalise cette banque ! Personne ne pourra m’en empêcher !!!

Sur le chemin pour aller à cette banque, mon esprit se torture, il se bouleverse, se contredit. Enfin j’arrive, dernier repérage. Béatrice Merkel, la femme du marché, m’accueille et me demande ce que je cherche. Je lui demande si mon compte est encore à découvert. Elle me répond qu’il est plus vide que jamais. J’en profite pour vérifier où sont les caméras de surveillance et retourne chez moi.

Il est midi. La pendule sonne douze coups. Je m’installe dans la voiture, vérifie que tout est là et pars. Le stress commence à monter. Je me gare correctement sur le petit parking. Je descends furtivement et me glisse à l’intérieur de la banque.

Devant les guichets : deux employées, je les prends en otage et leur ordonne de m’ouvrir en les intimidant avec mon revolver. Les deux femmes m’ouvrent sagement le coffre, et là, des merveilles m’éblouissent. Mais pas le temps de rêver, je prends tous les billets et m’en vais s’en tarder. Je rentre expressément dans ma voiture et m’en vais au quart de tour. Enfin arrivé chez moi, je compte et recompte la somme du braquage et explose de joie ! J’avais plus de cent millions d’euro ! J’allais enfin pouvoir vivre ! Quel bonheur ! Pourvu qu’on ne me soupçonne pas ! Mais non ce n’est pas possible, je portais un masque, pensais-je.


***


Cette nuit-là, je dormai profondément, soulagé, content de ce que j’avais fait. Ce matin, en allant chercher le pain, j’achète le journal. Et là stupeur ! Il y a un article sur un cambriolage produit à la banque du 13e arrondissement :


Cambriolage à l’arme à feu dans le 13e

Hier, aux alentours de 13 heures, un cambrioleur s’est introduit dans la banque du 13e arrondissement de Paris. En menaçant deux employées, le braqueur à réussi à s’emparer de plus de 100 millions d’euro. Grâce à une caméra de surveillance, une des employées a reconnu le braqueur à cause d’un de ses bijoux en forme de scarabée. Un portrait robot a été effectué et le voleur sera bientôt trouvé et jugé.

Malheureusement, la banque risque de faire faillite et les employés vont probablement se retrouver au chômage.



OC, ZC, AF
2008 - Ecrire avec, lire pour © Droits réservés