Des gouttes d’eau ruissellent sur son visage ; son maquillage a coulé ; elle semble avoir froid. Sa robe de soirée rouge est déchirée sur le côté gauche, ses bas sont effilés, elle n’a plus qu’une chaussure à talon haut, allongée sur un sol de feuilles mortes, elle dort. Le soleil commence à se lever, aucun oiseau ne chante, sont-ils tous déjà partis vers le sud ? Les arbres, eux nus, entourent cette jeune femme dont le corps placide ne se décide pas à s’éveiller.
Sept heures le réveil sonne. Chaque nuit, Béatrice Merkel fait le même rêve. Il y a des années, lorsque ce rêve lui est apparu, elle pensait qu’il s’agissait peut-être d’une énigme à résoudre, d’un rêve prémonitoire... Mais non, ce n’est resté qu’un rêve simple mais énigmatique. Elle ne sait pas qui est cette fille dans ce rêve et ne veut plus le savoir.
La vie de Béatrice n’est pas très intéressante, elle est plutôt monotone. Elle se lève cinq fois par semaine à sept heures pour aller travailler en tant que conseillère clientèle dans une banque, finit tous les jours à cinq heures trente, s’en va faire ses courses et rentre chez elle pour se faire des plateaux-télé auprès de son chien Tobby qui lui tient un peu compagnie. Le week-end n’est guère plus intéressant. Après une longue grasse matinée, Béatrice s’en va promener Tobby dans le parc du 13e arrondissement pendant de longues heures avant de rentrer chez elle, épuisée.
Aujourd’hui, pour une fois, n’est pas un jour comme les autres. Tous les premiers vendredis du moi de juin, les personnes d’origine allemande du 13e se retrouvent pour évoquer leur culture, se croire un peu en Allemagne… Béatrice n’aime pas trop ce genre de soirée mais c’est la seule à laquelle elle participe car, n’ayant pas d’amis, elle fait un effort dans l’année pour en trouver et d’origine allemande elle est un peu plus dans son élément.
De très bonne humeur aujourd’hui, une fois rentrée chez elle Béatrice prend le temps de se préparer, elle passe une belle robe de couleur noire, se lisse les cheveux, se maquille simplement. Elle est magnifique. Malgré ses quarante-cinq ans, elle en paraît dix ans de moins. La soirée commence très bien, plusieurs hommes abordent Béatrice et lui offrent plusieurs verres d’un cocktail délicieux. Ce soir, Béatrice est métamorphosée, elle est sociable, n’hésite pas à parler de son travail ennuyeux, de son divorce avec un homme qui l’a abandonnée mais qu’elle n’aimait pas, du fait qu’elle regrette de ne pas avoir eu d’enfant… Contrairement à d’habitude où elle s’apitoie sur son sort, ce soir, elle raconte sa vie avec sourire comme si le pire était passé et qu’il ne restait que le meilleur à venir.
Alors qu’elle discute avec quelques femmes, Béatrice s’aperçoit qu’un homme la fixe du regard. Continuant la discussion, elle se demande pourquoi cet homme se tient de l’autre coté de la salle à la regarder. D’un aspect plutôt charmant, elle se demande si elle ne devrait pas aller le voir ; se décidant enfin, elle abandonne le groupe de personnes et se met à traverser la salle d’un pas élégant mais décidé. S’approchant de lui, elle demande comment il trouve la soirée. Fixant toujours Béatrice ; il réplique : « Vous me rappelez quelqu’un, vous ai-je déjà vue ? » Béatrice répond doucement qu’elle s’en serait sans doute souvenu. « Comment vous appelez-vous ? », demanda-t-elle. « Julien », répondit-il. Tous deux se mettent à parler, en fait, lui ne fait que l’écouter, il doit avoir une cinquantaine d’années mais il a l’air jeune et plutôt sportif. Béatrice ne parle pas de son enfance, lorsqu’elle raconte sa vie c’est naturellement qu’elle la commence après ses études. Lui, se passionne de sa vie à elle, sa vie si banale, si dérisoire…
Pendant des mois, ils apprendront à se connaitre, se verront presque chaque jour. Béatrice était métamorphosée, elle était redevenue heureuse ; prenait goût à la vie… Julien l’emmenait au restaurant au moins une fois par semaine, la gâtait de petits cadeaux mais tous deux restèrent amis. Béatrice ne voulait pas d’une relation sérieuse, ni d’une amourette de passage. C’est pourquoi leur histoire ne resta que platonique et n’alla pas plus loin. Julien n’eut pas le choix accepter la décision de Béatrice, il l’aimait plus que tout au monde et avait essayé de nombreuses fois de passer à l’acte mais à chaque fois la même réflexion survenait : « Tu sais très bien ce que je pense de tout cela ! »
Les parents de Béatrice avaient divorcé lorsque celle-ci avait huit ans. Ce fut un divorce horrible autant pour les parents que pour leur fille unique. Béatrice passa des mois séparée de sa mère sans pouvoir avoir la moindre nouvelle. Son père, lui, s’était noyé dans son travail pour oublier sa vie misérable, sans intérêt, pour oublier le foyer qu’il avait choisi de fonder avec sa femme et qui n’était maintenant qu’un champ de bataille, une famille en ruine…
Lorsque le jugement du divorce tomba, ce fut la mère de Béatrice qui récupéra la garde exclusive de sa fille. La petite fille ne pouvait voir son père qu’un week-end sur deux. Malheureusement, la mère de Béatrice décida de quitter l’Allemagne pour partir s’installer en France. Béatrice ne revit son père qu’une fois ou deux avant de ne plus jamais le revoir. Elle devait s’y résoudre, son père et sa mère n’avaient pas les moyens de faire la navette France-Allemagne très souvent. C’est comme cela que Béatrice apprit vite le français.
Plus tard, après de courtes études, elle rencontra Martin avec qui elle décida vite de se marier. Ce fut un échec total. Au bout d’une petite année, ils n’étaient plus amoureux l’un de l’autre, ils s’étaient peut-être mariés beaucoup trop tôt ? Quoi qu’il en soit, Béatrice ne supporta pas cette histoire qui lui brisa encore une fois le cœur. Après ces expériences douloureuses, elle décida vite que plus aucune relation amoureuse ne se ferait avec elle, qu’elle n’approuverait jamais plus le mariage.
Deux ans passèrent. Malgré la tristesse qui lui remplissait le cœur, Julien était resté au côté de Béatrice. Mais malgré leur forte amitié, un fossé commençait à se creuser entre ces deux personnes. Béatrice avait enfoui ses sentiments pour Julien au fond de son cœur et s’obstinait à ne pas les avouer. Leur relation devint fausse. Ils se cachaient tous les deux derrière un masque. Julien lui se mit à déprimer en silence, se mettant à boire en cachette, à fumer cigarette sur cigarette, sa vie commençait à devenir maussade. Il ne vivait que pour elle, ne voyait que par elle... Il avait longtemps réfléchi à une solution mais comment la convaincre ? Béatrice lui avait vaguement raconté ses mauvais souvenirs alors il la comprenait mais son cœur à lui, ne la comprenait plus.
Un été passa, l’état de santé de Julien s’empirait de jour en jour mais Béatrice ne réagissait pas. C’était pour elle un problème sans solution alors pour ne pas y faire face, elle l’évitait.
Vendredi 14 novembre, Julien devait comme d’habitude emmener Béatrice dans ce petit restaurant chinois au coin de la rue qu’ils aimaient tant. En début de soirée, alors que Béatrice se préparait pour sortir, le téléphone sonna. Lorsqu’elle décrocha, elle entendit un souffle rapide, elle devina Julien au bout du fil mais ne comprenait pas : « Que t’arrive-t-il ? Qu’est ce qui se passe ? », questionna-t-elle avec angoisse. « Je n’y arriverai plus… j’abandonne. »
La ligne se coupa. Il avait raccroché. Béatrice se mit à s’inquiéter, elle savait qu’il avait bu, qu’il n’allait pas bien. Elle referma vite la couture de sa robe, mit ses chaussures et partit à toute vitesse pour retrouver julien.
Vingt heures : après avoir traversé la rue sans faire attention aux voitures qui arrivaient, Béatrice se retrouva devant l’immeuble de Julien. Avec appréhension, elle sonna. « Ouvre moi, je t’en prie, il faut que l’on parle ». La porte s’ouvrit. Devant l’appartement, le cœur de Béatrice se mit à battre de plus en plus fort. Julien ouvrit la porte.
Il tremblait. Tous les deux assis sur le canapé, ils n’osaient pas se regarder, lui était énervé, il essayait de se contrôler mais il tremblait. Il se leva pour se resservir un verre de Whisky qui était posé sur la table.
Béatrice se décida enfin, lorsqu’elle regarda Julien avec peine, à parler :
« Tu ne devrais pas.
- Surtout, ne me dis pas ce que je dois ou ne pas faire.
- Je veux juste t’aider. »
Après cette réponse, Julien but son verre d’une seule traite et reprit :
« C’est marrant tout cela : les années passent mais les sentiments restent. Un jour il faut tourner la page mais je crois être maintenant arrivé à la fin de mon livre.
- Je ne comprends pas.
- Ne me prends pas pour un imbécile, j’en ai marre de tout cela. Tu veux que j’arrête de boire ? Mais pourtant l’alcool est la seule chose qui me permette de prendre des choix. Sans toi, ma vie n’est rien et avoue que sans moi, la tienne n’est plus grand chose.
- Tu fais partie de ma vie, mais je croyais que tu m’avais comprise. »
Une larme coula sur le visage de Béatrice.
Julien reprit :
« Il n’y a plus besoin de s’expliquer, maintenant je vais te demander de t’en aller, je vais finir cette bouteille tranquillement, et dignement. Fais-moi confiance, tout ira bien.
- Je n’en suis pas si sûre, j’espère que tu ne comptes pas faire de bêtise, je … heu... tu ne veux pas mettre fin à tes jours, cela ferait souffrir beaucoup de monde, tu n’as pas le droit !
- Laisse-moi, va t’en !
Béatrice se leva, se retourna doucement et commença à partir lentement. Julien s’empressa d’ouvrir un tiroir de la commode, sortit une arme et tira sur Béatrice qui ne vit rien venir. Tout s’arrêta d’un coup. Il se jeta sur elle et vit qu’elle était morte sur le coup. Dans un état second, Julien regarda par la fenêtre s’il y avait du monde dehors : personne. Il décida d’emmener le corps inerte de la jeune femme dans un autre endroit. Tout alla très vite, Julien n’eut pas le temps de réfléchir et de prendre conscience de ses actes. Ivre, il descendit Béatrice dans sa voiture, par chance, personne n’était apparu dans la rue. Sa vue était trouble, il transpirait, il avait des frissons ; tout cela lui souleva le cœur et il vomit avant de monter dans la voiture.
Vingt-et-une heure. La route n’était pas droite, en tout cas, c’est ce que ressentit Julien. Après vingt minutes de trajet, il décida de s’arrêter au bord d’une forêt. Délicatement, malgré ces tremblements, il prit le corps de Béatrice et alla le déposer au beau milieu de la forêt. Il lui faisait un dernier bisou sur le front avant de s’en aller loin d’ici.
Elle est allongée, là, seule dans sa robe rouge, ses bas ont dû s’effiler en descendant de la voiture, elle dort sur ce tas de feuilles mortes. Elle ne rêvera plus, et malheureusement pour elle, le seul rêve qu’elle faisait toutes les nuits était en faite une future réalité, un rêve prémonitoire…
Sept heures le réveil sonne. Chaque nuit, Béatrice Merkel fait le même rêve. Il y a des années, lorsque ce rêve lui est apparu, elle pensait qu’il s’agissait peut-être d’une énigme à résoudre, d’un rêve prémonitoire... Mais non, ce n’est resté qu’un rêve simple mais énigmatique. Elle ne sait pas qui est cette fille dans ce rêve et ne veut plus le savoir.
La vie de Béatrice n’est pas très intéressante, elle est plutôt monotone. Elle se lève cinq fois par semaine à sept heures pour aller travailler en tant que conseillère clientèle dans une banque, finit tous les jours à cinq heures trente, s’en va faire ses courses et rentre chez elle pour se faire des plateaux-télé auprès de son chien Tobby qui lui tient un peu compagnie. Le week-end n’est guère plus intéressant. Après une longue grasse matinée, Béatrice s’en va promener Tobby dans le parc du 13e arrondissement pendant de longues heures avant de rentrer chez elle, épuisée.
Aujourd’hui, pour une fois, n’est pas un jour comme les autres. Tous les premiers vendredis du moi de juin, les personnes d’origine allemande du 13e se retrouvent pour évoquer leur culture, se croire un peu en Allemagne… Béatrice n’aime pas trop ce genre de soirée mais c’est la seule à laquelle elle participe car, n’ayant pas d’amis, elle fait un effort dans l’année pour en trouver et d’origine allemande elle est un peu plus dans son élément.
De très bonne humeur aujourd’hui, une fois rentrée chez elle Béatrice prend le temps de se préparer, elle passe une belle robe de couleur noire, se lisse les cheveux, se maquille simplement. Elle est magnifique. Malgré ses quarante-cinq ans, elle en paraît dix ans de moins. La soirée commence très bien, plusieurs hommes abordent Béatrice et lui offrent plusieurs verres d’un cocktail délicieux. Ce soir, Béatrice est métamorphosée, elle est sociable, n’hésite pas à parler de son travail ennuyeux, de son divorce avec un homme qui l’a abandonnée mais qu’elle n’aimait pas, du fait qu’elle regrette de ne pas avoir eu d’enfant… Contrairement à d’habitude où elle s’apitoie sur son sort, ce soir, elle raconte sa vie avec sourire comme si le pire était passé et qu’il ne restait que le meilleur à venir.
Alors qu’elle discute avec quelques femmes, Béatrice s’aperçoit qu’un homme la fixe du regard. Continuant la discussion, elle se demande pourquoi cet homme se tient de l’autre coté de la salle à la regarder. D’un aspect plutôt charmant, elle se demande si elle ne devrait pas aller le voir ; se décidant enfin, elle abandonne le groupe de personnes et se met à traverser la salle d’un pas élégant mais décidé. S’approchant de lui, elle demande comment il trouve la soirée. Fixant toujours Béatrice ; il réplique : « Vous me rappelez quelqu’un, vous ai-je déjà vue ? » Béatrice répond doucement qu’elle s’en serait sans doute souvenu. « Comment vous appelez-vous ? », demanda-t-elle. « Julien », répondit-il. Tous deux se mettent à parler, en fait, lui ne fait que l’écouter, il doit avoir une cinquantaine d’années mais il a l’air jeune et plutôt sportif. Béatrice ne parle pas de son enfance, lorsqu’elle raconte sa vie c’est naturellement qu’elle la commence après ses études. Lui, se passionne de sa vie à elle, sa vie si banale, si dérisoire…
Pendant des mois, ils apprendront à se connaitre, se verront presque chaque jour. Béatrice était métamorphosée, elle était redevenue heureuse ; prenait goût à la vie… Julien l’emmenait au restaurant au moins une fois par semaine, la gâtait de petits cadeaux mais tous deux restèrent amis. Béatrice ne voulait pas d’une relation sérieuse, ni d’une amourette de passage. C’est pourquoi leur histoire ne resta que platonique et n’alla pas plus loin. Julien n’eut pas le choix accepter la décision de Béatrice, il l’aimait plus que tout au monde et avait essayé de nombreuses fois de passer à l’acte mais à chaque fois la même réflexion survenait : « Tu sais très bien ce que je pense de tout cela ! »
Les parents de Béatrice avaient divorcé lorsque celle-ci avait huit ans. Ce fut un divorce horrible autant pour les parents que pour leur fille unique. Béatrice passa des mois séparée de sa mère sans pouvoir avoir la moindre nouvelle. Son père, lui, s’était noyé dans son travail pour oublier sa vie misérable, sans intérêt, pour oublier le foyer qu’il avait choisi de fonder avec sa femme et qui n’était maintenant qu’un champ de bataille, une famille en ruine…
Lorsque le jugement du divorce tomba, ce fut la mère de Béatrice qui récupéra la garde exclusive de sa fille. La petite fille ne pouvait voir son père qu’un week-end sur deux. Malheureusement, la mère de Béatrice décida de quitter l’Allemagne pour partir s’installer en France. Béatrice ne revit son père qu’une fois ou deux avant de ne plus jamais le revoir. Elle devait s’y résoudre, son père et sa mère n’avaient pas les moyens de faire la navette France-Allemagne très souvent. C’est comme cela que Béatrice apprit vite le français.
Plus tard, après de courtes études, elle rencontra Martin avec qui elle décida vite de se marier. Ce fut un échec total. Au bout d’une petite année, ils n’étaient plus amoureux l’un de l’autre, ils s’étaient peut-être mariés beaucoup trop tôt ? Quoi qu’il en soit, Béatrice ne supporta pas cette histoire qui lui brisa encore une fois le cœur. Après ces expériences douloureuses, elle décida vite que plus aucune relation amoureuse ne se ferait avec elle, qu’elle n’approuverait jamais plus le mariage.
Deux ans passèrent. Malgré la tristesse qui lui remplissait le cœur, Julien était resté au côté de Béatrice. Mais malgré leur forte amitié, un fossé commençait à se creuser entre ces deux personnes. Béatrice avait enfoui ses sentiments pour Julien au fond de son cœur et s’obstinait à ne pas les avouer. Leur relation devint fausse. Ils se cachaient tous les deux derrière un masque. Julien lui se mit à déprimer en silence, se mettant à boire en cachette, à fumer cigarette sur cigarette, sa vie commençait à devenir maussade. Il ne vivait que pour elle, ne voyait que par elle... Il avait longtemps réfléchi à une solution mais comment la convaincre ? Béatrice lui avait vaguement raconté ses mauvais souvenirs alors il la comprenait mais son cœur à lui, ne la comprenait plus.
Un été passa, l’état de santé de Julien s’empirait de jour en jour mais Béatrice ne réagissait pas. C’était pour elle un problème sans solution alors pour ne pas y faire face, elle l’évitait.
Vendredi 14 novembre, Julien devait comme d’habitude emmener Béatrice dans ce petit restaurant chinois au coin de la rue qu’ils aimaient tant. En début de soirée, alors que Béatrice se préparait pour sortir, le téléphone sonna. Lorsqu’elle décrocha, elle entendit un souffle rapide, elle devina Julien au bout du fil mais ne comprenait pas : « Que t’arrive-t-il ? Qu’est ce qui se passe ? », questionna-t-elle avec angoisse. « Je n’y arriverai plus… j’abandonne. »
La ligne se coupa. Il avait raccroché. Béatrice se mit à s’inquiéter, elle savait qu’il avait bu, qu’il n’allait pas bien. Elle referma vite la couture de sa robe, mit ses chaussures et partit à toute vitesse pour retrouver julien.
Vingt heures : après avoir traversé la rue sans faire attention aux voitures qui arrivaient, Béatrice se retrouva devant l’immeuble de Julien. Avec appréhension, elle sonna. « Ouvre moi, je t’en prie, il faut que l’on parle ». La porte s’ouvrit. Devant l’appartement, le cœur de Béatrice se mit à battre de plus en plus fort. Julien ouvrit la porte.
Il tremblait. Tous les deux assis sur le canapé, ils n’osaient pas se regarder, lui était énervé, il essayait de se contrôler mais il tremblait. Il se leva pour se resservir un verre de Whisky qui était posé sur la table.
Béatrice se décida enfin, lorsqu’elle regarda Julien avec peine, à parler :
« Tu ne devrais pas.
- Surtout, ne me dis pas ce que je dois ou ne pas faire.
- Je veux juste t’aider. »
Après cette réponse, Julien but son verre d’une seule traite et reprit :
« C’est marrant tout cela : les années passent mais les sentiments restent. Un jour il faut tourner la page mais je crois être maintenant arrivé à la fin de mon livre.
- Je ne comprends pas.
- Ne me prends pas pour un imbécile, j’en ai marre de tout cela. Tu veux que j’arrête de boire ? Mais pourtant l’alcool est la seule chose qui me permette de prendre des choix. Sans toi, ma vie n’est rien et avoue que sans moi, la tienne n’est plus grand chose.
- Tu fais partie de ma vie, mais je croyais que tu m’avais comprise. »
Une larme coula sur le visage de Béatrice.
Julien reprit :
« Il n’y a plus besoin de s’expliquer, maintenant je vais te demander de t’en aller, je vais finir cette bouteille tranquillement, et dignement. Fais-moi confiance, tout ira bien.
- Je n’en suis pas si sûre, j’espère que tu ne comptes pas faire de bêtise, je … heu... tu ne veux pas mettre fin à tes jours, cela ferait souffrir beaucoup de monde, tu n’as pas le droit !
- Laisse-moi, va t’en !
Béatrice se leva, se retourna doucement et commença à partir lentement. Julien s’empressa d’ouvrir un tiroir de la commode, sortit une arme et tira sur Béatrice qui ne vit rien venir. Tout s’arrêta d’un coup. Il se jeta sur elle et vit qu’elle était morte sur le coup. Dans un état second, Julien regarda par la fenêtre s’il y avait du monde dehors : personne. Il décida d’emmener le corps inerte de la jeune femme dans un autre endroit. Tout alla très vite, Julien n’eut pas le temps de réfléchir et de prendre conscience de ses actes. Ivre, il descendit Béatrice dans sa voiture, par chance, personne n’était apparu dans la rue. Sa vue était trouble, il transpirait, il avait des frissons ; tout cela lui souleva le cœur et il vomit avant de monter dans la voiture.
Vingt-et-une heure. La route n’était pas droite, en tout cas, c’est ce que ressentit Julien. Après vingt minutes de trajet, il décida de s’arrêter au bord d’une forêt. Délicatement, malgré ces tremblements, il prit le corps de Béatrice et alla le déposer au beau milieu de la forêt. Il lui faisait un dernier bisou sur le front avant de s’en aller loin d’ici.
Elle est allongée, là, seule dans sa robe rouge, ses bas ont dû s’effiler en descendant de la voiture, elle dort sur ce tas de feuilles mortes. Elle ne rêvera plus, et malheureusement pour elle, le seul rêve qu’elle faisait toutes les nuits était en faite une future réalité, un rêve prémonitoire…